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Égypte : vers une nouvelle constitution

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Islamistes, progressistes et intellectuels tous réunis. Un nouveau front d’opposition s’est levé en Egypte contre le président Hosni Moubarak. Dimanche 18 mars, ils étaient une centaine à lancer un appel contre une réforme constitutionnelle proposée par le chef d’Etat qui accusent de préparer la succession pour son fils Gamal. «Les amendements visent à faciliter la transmission du pouvoir en Egypte et à transformer le pouvoir en monarchie héréditaire et dynastique», ont affirmé plusieurs personnalités dans un communiqué.
Parmi les 82 signataires de l’appel, figurent l’ancien Premier ministre Aziz Sedqi, le coordinateur du mouvement Kefaya Abdel Wahab al-Messiri, le porte-parole et membre de la direction des Frères musulmans Essam al-Aryane, le poète Ahmad Fouad Najm, ainsi que de nombreux intellectuels et analystes politiques. Le Parlement égyptien a entamé, dimanche, l’examen de ces amendements. Une séance qui a été boycottée par une centaine de députés égyptiens, en majorité islamistes. Les 102 députés, soit presque un quart des 454 que compte le Parlement, ont manifesté devant le Parlement, portant des écharpes disant «non au putsch constitutionnel».
Une fois adoptés par le Parlement, les amendements doivent être soumis à un référendum populaire le 4 avril. La réforme prévoit notamment un changement de l’article 179 de la Constitution égyptienne qui permettra la mise sur écoute des citoyens, des perquisitions sans autorisation judiciaire, ainsi que des détentions administratives prolongées. L’opposition estime que les amendements proposés sont essentiellement destinés à l’étouffer.
«Les amendements à la Constitution montrent une vision unilatérale, qui ne représente que le parti au pouvoir et ses partisans, pas le peuple égyptien», a affirmé Mohammed Saad el-Katatni, président du bloc parlementaire des Frères musulmans, premier groupe d’opposition du pays. Mais pour le président Moubarak, les amendements, qui concernent 34 articles, sont notamment censés renforcer le rôle des partis politiques. Si les parlementaires de l’opposition égyptienne ont menacé de démissionner en bloc pour protester contre cette révision constitutionnelle, Amnesty International considère, elle, le projet comme la «plus grave atteinte» aux droits de l’Homme en Égypte depuis l’imposition de l’état d’urgence en 1981.Dans un communiqué, diffusé samedi 17 mars, l’ONG estime que les changements proposés «ne feraient qu’assurer la pérennité des abus nés des pouvoirs accordés au titre de l’état d’urgence et donner au mauvais usage de ces pouvoirs une légitimité factice».
Une attitude vivement critiquée par les autorités égyptiennes. «Il n’est pas du droit des non-Egyptiens de commenter ou de simplement émettre une opinion sur une question purement intérieure, à savoir la Constitution (de l’Egypte) et ses lois nationales», a affirmé le chef de la diplomatie Ahmed Aboul Gheit dans un communiqué, en dénonçant «une tentative d’imposer une tutelle étrangère sur la décision du peuple égyptien».

Les Frères musulmans dans le collimateur 

Les Frères musulmans se retrouvent souvent dans la ligne de mire des autorités égyptiennes. Ces derniers mois, plusieurs dirigeants de ce mouvement ont été interpellés. Certains ont même vu leurs avoirs gelés pour «blanchiment d’argent et financement d’une organisation interdite». Les Frères musulmans, officiellement interdits en tant que parti politique, mais tolérés dans les faits, sont le principal groupe d’opposition en Egypte. Depuis les législatives de 2005, ils contrôlent le cinquième des sièges du Parlement, qu’ils ont conquis sous l’étiquette d’«indépendants». Leur but est d’organiser l’opposition au moment où le président Hosni Moubarak veut renforcer son pouvoir. Pour cela, ils s’appuient sur l’islamisation patente de la société égyptienne.

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