"Depuis l’été 2004, la police criminelle allemande et les services de renseignements allemands avaient demandé un éclaircissement de l’affaire via l’ambassade d’Allemagne à Washington. Sans succès", croit savoir le journal à grand tirage.
"En raison de ce manque de volonté de coopérer, l’ancien ministre allemand de l’Intérieur Otto Schily s’était rendu le 2 février au siège de la CIA à Langley et avait demandé le soutien au chef de la CIA Porter Goss. Ce dernier avait refusé", poursuit le journal.
Khaled el-Masri reproche aux Etats-Unis de l’avoir fait enlever fin décembre 2003 en Macédoine par la CIA puis de l’avoir conduit en Afghanistan pour l’interroger sur ses liens présumés avec des extrémistes islamistes avant d’être libéré fin mai 2004.
"J’exige des excuses", a déclaré à Bild M. el-Masri qui réclame à la CIA depuis l’Allemagne plus de 75.000 dollars de dommages-intérêts, selon l’un de ses avocats.
Un avocat de Munich, spécialisé dans les affaires d’indemnisations des victimes du travail forcé sous le nazisme, Michael Witti a estimé que l’Allemand d’origine libanaise résidant à Ulm (Bavière), pouvait réclamer des "indemnisations de cinq millions de dollars".
Un autre expert berlinois, Martin Dùrr, également cité dans Bild, va plus loin en tablant sur "un montant à deux chiffres en millions".
El-Masri, vendeur d’automobiles au chômage, pourrait même "compter sur 250.000 euros" en cas de signature d’un contrat avec une maison d’édition, selon un agent littéraire de Munich, Michael Meller.
Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, doit s’exprimer sur le cas el-Masri devant le parlement mercredi. Il a démenti samedi toute implication éventuelle de l’Allemagne dans l’enlèvement en 2003 de M. el-Masri.
Le gouvernement allemand prépare un rapport complet sur les vols affrétés par la CIA pour le transport via l’Allemagne des prisonniers soupçonnés de terrorisme ainsi que sur le cas el-Masri.
"L’éclaircissement doit être fait cette semaine. Ce serait très mauvais si nous commencions la nouvelle année avec ce problème", a déclaré le responsable chrétien-démocrate Wolfgang Bosbach au quotidien Berliner Zeitung.