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Espagne : Après Zapatero, la guerre de succession chez les socialistes

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L’Espagne s’apprête à tourner la page de l’ère Zapatero après l’annonce samedi par le chef du gouvernement qu’il ne se présentera pas aux législatives de mars 2012, ouvrant la bataille de succession chez les socialistes en pleine déroute dans les sondages. Pour le Parti socialiste au pouvoir depuis 2004, lourdement sanctionné pour sa politique d’austérité contre la crise, le pari est double à un an des législatives: peut-il encore se maintenir au pouvoir, et quel candidat serait le mieux à même de redresser la barre? Le favori naturel est le ministre de l’Intérieur Alfredo Perez Rubalcaba, 59 ans, pilier du gouvernement Zapatero. Mais certains au Parti socialiste espagnol (PSOE) lui préfèrent la jeune ministre de la Défense Carme Chacon, considérée à 40 ans comme l’étoile montante du parti. José Luis Rodriguez Zapatero, pressé dans les rangs socialistes de renoncer pour donner une nouvelle chance à son parti, a finalement annoncé samedi qu’il ne se présenterait pas pour un troisième mandat en 2012. «Deux mandats c’est assez», a lancé le chef du gouvernement, âgé de 50 ans, expliquant ne pas vouloir «prolonger des spéculations inutiles» risquant de détourner le gouvernement de son objectif, la lutte contre la crise. Mais en annonçant des primaires socialistes – sans doute à partir du 28 mai – M. Zapatero a aussi ouvert la bataille de succession, au risque de faire éclater les divisions. Sa décision semble avoir été précipitée par des perspectives désastreuses à un mois et demi des élections locales du 22 mai. Les Espagnols éliront alors leurs conseils municipaux et les Parlements de 13 des 17 régions. «Les leaders socialistes lui disaient depuis des mois qu’il devait faire cette annonce. Ils ont le sentiment que continuer avec Zapatero aurait été très négatif à l’approche des élections» locales, expliquait Edurne Uriarte, professeur de Sciences politiques à Madrid. «Les perspectives du 22 mai pour les socialistes sont moins mauvaises ainsi. Les barons socialistes craignaient un vote-sanction, que les Espagnols ne votent contre les socialistes et pas pour élire des maires». Un sondage publié dimanche confirme la plongée du PSOE, avec 28,3% des intentions de votre en cas de législatives contre 44,1% au Parti populaire, la droite conservatrice dirigée par Mariano Rajoy. «Le président ouvre la voie de la succession», titrait dimanche le quotidien de centre-gauche El Pais, tandis que pour El Mundo (centre-droit), Zapatero, en annonçant des primaires, «ferme la porte à ceux qui voyaient Rubalcaba comme candidat naturel». M. Rubalcaba, selon ce sondage, est perçu comme le mieux à même de conduire le parti par 42% des Espagnols et par 52% des électeurs socialistes. Carme Chacon est elle placée en tête par 17% des Espagnols et 15% des électeurs de son parti. Le sondage souligne aussi que la cote de la ministre de la Défense est en hausse, tandis que celle de M. Rubalcaba, étroitement associé à la politique anti-crise de M. Zapatero, tend à s’éroder. «Je ne crois pas que l’annonce de M. Zapatero puisse inverser ou changer de manière substantielle le résultat des enquêtes», estimait Edurne Uriarte. Selon un autre scénario, une arrivée de M. Rubalcaba à la tête des socialistes serait au contraire susceptible d’inverser la tendance face à Mariano Rajoy. «Là où Rajoy avait le plus de chances de gagner, c’était contre Zapatero», soulignait le sociologue Fermin Bouza, pour qui avec Rubalcaba, «un changement de favori dans les sondages devient probable». Dans les rangs socialistes, certains évoquent alors l’hypothèse d’un «pacte» pour que Rubalcaba soit choisi comme candidat en 2012, puis Carme Chacon en 2016. Une manière, remarque Fermin Bouza, «d’éviter une lutte terrible et absurde lors des primaires».

  Sylvie GROULT (AFP)

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