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Événement : ONU : Un camouflet pour les USA

L’Administration américaine aura plus de difficultés à obtenir un accord de la communauté internationale à une guerre contre l’Irak, après les rapports des chefs des inspecteurs en désarmement jugé «objectif et honnête» par plusieurs capitales. Cette évolution rend plus improbable un soutien de l’ONU à une frappe américaine. L’hypothèse du vote d’une résolution justifiant le recours à la force, comme le voulaient les Etats-Unis, est écartée pour le moment du moins. N’empêche que, ébranlés par le front contre la guerre en Irak tant au Conseil de sécurité, que dans de nombreux pays du monde, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont recommencé à retravailler leur projet d’une nouvelle résolution qui autoriserait le recours à la force. La nouvelle mouture serait adoucie et ne parlerait pas explicitement de sanctions militaires automatiques. Alors qu’avant la réunion du Conseil de sécurité de vendredi, au cours de laquelle Hans Blix et Mohamed Elbaradaï ont remis un rapport d’étape favorable au camp de la paix, Washington et Londres préparaient un projet de résolution très dur qui leur aurait donné toute latitude pour engager la guerre.
Les rapports d’étape plutôt mesurés des chefs des inspecteurs de l’ONU, la position ferme en faveur de la poursuite des inspections défendue notamment par la France, la Russie et la Chine ont remis tout en cause. Américains et Britanniques remettent l’ouvrage sur le métier, réexaminent les positions des uns et des autres et adoucissent le ton de leur projet de résolution.
On en est là, car la situation devient très fluide. Il devient évident que les membres permanents du Conseil de sécurité n’ont d’autres choix maintenant que de négocier un moyen de sortir de l’impasse.
Que se passerait-il si rien ne se débloque ?
Washington et Londres pourraient-ils se passer du soutien des Nations unies pour attaquer l’Irak? Même s’ils semblent prêts à le faire, un soutien international serait le bienvenu et garantirait que les frais occasionnés par la guerre seraient partagés. C’et particulièrement valable pour la Grande-Bretagne confrontée à une très forte opposition populaire à la guerre, comme l’illustre la mobilisation de samedi qui a amené plus d’un million d’Anglais à manifester pour dire « non » à leur gouvernement.
Notant cette évolution, des pays comme le Mexique, le Chili, l’Angola et la Bulgarie, dont l’Administration Bush pensait pouvoir enrôler, laissent désormais entendre qu’ils s’abstiendront tant que les membres permanents du Conseil de sécurité ne se seront pas mis d’accord. Tous disent vouloir éviter de pousser la France, la Russie et la Chine à opposer leur veto. La nouvelle mouture devra donc constituer une plate-forme même minimale pour éviter le blocage.
Il existe également un autre scénario. Celui de dire qu’une deuxième résolution du Conseil de sécurité «n’est pas nécessaire dès lors que les inspecteurs continuent d’avancer» en Irak. C’est la position défendue par la France notamment. Deux jours après sa brillante intervention devant le Conseil de sécurité le ministre français des affaires étrangères, M. Dominique de Villepin, réaffirme son souhait de voir appliquer dans sa totalité la résolution 1441. «Cette résolution ne prévoit pas de délai. Tant que les inspecteurs sur le terrain pourront nous présenter de nouveaux progrès, il n’y a pas lieu de changer de cap», déclare-t-il. «On entend dire qu’une deuxième résolution pourrait être déposée par les Américains et les Anglais. Pour nous, une telle résolution n’est pas nécessaire dès lors que les inspections continuent d’avancer. En cas d’impasse, il appartiendrait au Conseil de Sécurité d’envisager toutes les options possibles, y compris le recours à la force.
Mais, il ne saurait y avoir automaticité». M. de Villepin a exprimé également sa conviction qu’il fallait « un monde multipolaire et qu’une puissance seule ne peut assurer l’ordre de ce monde». Il a estimé par ailleurs qu’il fallait s’en tenir au désarmement de l’Irak, à l’exclusion d’un changement de régime à Bagdad : «la résolution 1441 définit un objectif et un seul : celui du désarmement de l’Irak. À ceux qui demandent un changement de régime, je réponds qu’il faut s’en tenir à un principe clair : le seul vrai détenteur de la légitimité et de la légalité internationale, c’est l’Organisation des Nations Unies », a-t-il répété.

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