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France : Alain Juppé, le dernier espoir du Quai d’Orsay

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C’est d’une maison presque dévastée, totalement en ruine politique et idéologique dont hérite Alain Juppé, le nouveau ministre des Affaires étrangères, successeur de Michèle Alliot-Marie, jetée aux oubliettes sans la moindre citation dans le discours de Nicolas Sarkozy. Une maison traversée par des rebellions et des insurrections de groupes mystérieux qui se cachent sous le nom de «Marly» pour les uns de «Rostand» pour les autres et de «Albert Camus» pour le reste. Le tout pour traduire l’immense malaise de la diplomatie française face à un monde arabe en ébullition. En revenant au ministère des Affaires étrangères, Alain Juppé revient dans une maison dont il connaît les arcanes et où, nostalgie oblige, il semble avoir laissé d’excellents souvenirs. Son retour s’apparente à une nomination de crise pour un homme chargé de redonner du lustre à une parole diplomatique française devenue inaudible à force d’être concentrée au château de l’Elysée. Et l’on fait mine de découvrir qu’Alain Juppé a déjà refusé le Quai d’Orsay lors du dernier remaniement de novembre avec le prétexte avoué de ne pas se mettre sous le joug du puissant Claude Guéant, surnommé à l’époque «Le cardinal». Nicolas Sarkozy n’avait pas pu à l’époque garantir une marge de manœuvre au successeur de Bernard Kouchner qui, lui-même, avait passé le plus clair de son temps à se plaindre de la tutelle trop pesante du duo Jean-David Levitte-Claude Guéant. Ce qui était inimaginable en novembre dernier est brusquement devenu possible aujourd’hui. Claude Guéant est délocalisé vers le ministère de l’Intérieur et de l’Immigration pour permettre l’installation d’Alain Juppé au Quai d’Orsay. Fin provisoire ou définitive de la diplomatie parallèle ?
Même si l’opposition ne cesse de stigmatiser la concentration extrême des pouvoirs aux mains de Nicolas Sarkozy, mettant en cause sa responsabilité propre dans les choix des hommes et des stratégies qui ont abouti à de tels échecs diplomatiques, l’entrée en jeu d’Alain Juppé dans cette configuration est loin d’être politiquement négligeable. Il est présenté par la presse comme l’homme providentiel sur les épaules duquel repose presque la sauvegarde de la gouvernance de Sarkozy.
Ironie de l’histoire, Alain Juppé a depuis toujours incarné une forme de défi à l’égard de Nicolas Sarkozy qui par moments rappelait la posture de Dominique de Villepin, le verbe agressif et l’attitude belliqueuse en moins. Depuis son retour au gouvernement, il fait partie des ces rares ministres qui peuvent entendre parler d’égal à égal à Nicolas Sarkozy sans courir le risque d’être recadré par un froncement de sourcils élyséen ou un SMS ravageur. Ainsi, il n’a pas eu froid aux yeux d’exprimer toutes ses réserves sur le fameux débat sur l’identité nationale et de formuler son opposition au débat sur l’Islam au sein de la société française envisagé par l’UMP et Nicolas Sarkozy. Devenu, pour reprendre l’antienne des éditorialistes de la presse française, l’homme fort du gouvernement de Nicolas Sarkozy, une montée en puissance qui semble se faire au détriment de François Fillon, le toujours Premier ministre, l’action d’Alain Juppé sera méticuleusement scrutée. Ses premières annonces, décisions et autres remises en cause sont attendues avec impatience pour recoudre le fil diplomatique français rompu au contact d’une réalité arabe effervescente et d’un contexte français électoral fébrile.

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