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France : Balladur conseille à Sarkozy de se séparer de Fillon

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Il est difficile de dire qu’Edouard Balladur, ancien Premier ministre et candidat malheureux à la présidentielle de 1995, encombre le théâtre médiatique de sa présence. Sa silhouette de vieux pélican, son débit capricieux que souligne un goitre imposant se sont fait rares ces derniers temps. Et pour cause. Il n’a ni la passion vengeresse d’un Dominique de Villepin, ni l’envie pressante de retourner au devant de la scène d’un Alain Juppé, ni l’amertume frustrée d’un Jean-Pierre Raffarin. Mais quand il prend la parole, la gauche la soupèse attentivement quand la droite la boit goulûment. C’est ce qu’il vient de faire dans une tribune publiée dans le journal «Le Figaro» où il a livré sans aucun doute le réquisitoire le plus subtile, la charge la plus intelligente contre l’atmosphère créée par les dernières semaines de la gouvernance de Nicolas Sarkozy. Qu’il s’agisse de la déchéance de la nationalité, de la sanction de parents et de maires défaillants, de l’expulsion des Roms, Edouard Balladur, à l’aide d’un verbe qui se veut rond et feutré et d’une tournure de phrase ampoulée par l’ancien exercice de responsabilité, s’est chargé d’en souligner les excès qui parfois atteignent des sommets du ridicule et de l’aveuglement politique. Il est vrai qu’Edouard Balladur n’est pas le seul homme politique de droite à avoir pris ses distances à l’égard des excès enfiévrés des hommes de Nicolas Sarkozy sur la sécurité et le vivre ensemble. Mais il aura été celui qui en a pointé les défaillances avec le plus de délicatesse et donc d’efficacité. Quand d’autres sortent les grands arguments sur la République en danger et le drapeau sali, la tradition humaniste française violée, Edouard Balladur se contente de murmurer d’un air presque détaché ses critiques acidulées. Il n’est pas dit que Nicolas Sarkozy ne préfère pas la première catégorie qui limite l’impact de sa charge par l’exagération à la seconde qui souligne froidement les défauts de sa démarche. Entre Nicolas Sarkozy et Edouard Balladur, c’est une intense relation qui a fini, au fil du temps par se refroidir. L’élève et le subalterne d’hier, Nicolas Sarkozy avait été ministre du Budget et porte-parole de la campagne d’Edouard Balladur, n’écoute plus les conseils forcement avisés de l’homme qui avait été présenté comme son parrain en politique. Leurs deux noms sont d’ailleurs cités et liés dans l’affaire dite de «Karachi» autour d’un financement politique occulte. Edouard Balladur s’autorise aussi à donner des conseils crus à Nicolas Sarkozy sur la manière de remanier son gouvernement. Avec cette phrase fielleuse qui va beaucoup faire jaser et émouvoir : «un gouvernement profondément renouvelé (…) resserré et comportant de fortes personnalités dont on ne doit redouter ni l’influence ni le prestige». Avec des mots apparemment inoffensifs, Edouard Balladur invite Nicolas Sarkozy à faire sauter le cadenas de François Fillon et donc à changer de Premier ministre. Il répond ainsi à l’obsession cardinale de Nicolas Sarkozy. Le venin d’Edouard Balladur est si puissant que même quand il donne l’impression de louer un choix comme celui de l’ouverture politique, il trouve le moyen d’avertir à ce «qu’elle ne conduit pas, par souci de compromis, à un mixage de politiques contradictoires».

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