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France : Boris Boillon, ambassadeur indésirable à Tunis

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Avec les mésaventures tunisiennes de Michèle Alliot-Marie, la parole diplomatique française dans cette région semblait gravement menacée. Avec les déboires du nouvel ambassadeur Boris Boillon, le pronostic vital est engagé. Et pour cause, sitôt arrivé à Tunis, il organise involontairement une grande collision avec la presse, se met une grande partie de l’opinion à dos, réussit le miracle d’avoir des mouvements de rejet sur Facebook et des manifestations de rue pour exiger son départ. Le tout n’est pas le fruit du hasard ni d’événement accidentel. Le style d’un jeune homme, 41 ans, qui veut se distinguer de ses aînés par une parole crue et une volonté de dire et de nommer les choses au contact d’une réalité tunisienne effervescente dont le nouvel ambassadeur n’avait pas encore ressenti toutes les vibrations. Objet du délit : sa manière de s’adresser à la presse tunisienne, jugée arrogante et méprisante : «N’essayez pas de me faire tomber sur des trucs débiles. Vous croyez que j’ai ce niveau-là? Vous croyez que, moi, je suis dans la petite phrase débile?» Ou alors cette manière quelque peu cavalière de clore un entretien quand une journaliste cherchait à éclairer le «comportement de la France durant la révolution tunisienne: «Pourquoi est-ce que vous me parlez de ça? C’est lamentable, c’est nul! Je ne réponds pas à votre question». Et pourtant Boris Boillon avait tous les atouts pour réussir dans ses nouvelles fonctions. D’abord parce qu’il remplaçait Pierre Menat, l’ambassadeur devenu célèbre à travers ses notes rassurantes sur l’avenir du «Benalisme» en Tunisie quand le président Zine El-Abidine est bousculé par son épouse Leila Trabelsi pour monter dans l’avion de la fuite et de l’exil. Ensuite le pedigree de Boris Boillon le destinait naturellement. Il a deux qualités encore assez rares au sein de l’appareil diplomatique français : être un parfait arabophone quand la tradition diplomatique française se plaît à ignorer superbement cette langue. Et être jeune et donc potentiellement en phase avec les nouvelles séquences politiques du moment. Lui-même avait l’habitude de décrire le style de nouvel agent diplomatique qu’il veut être : «Les Français ont souvent l’image de l’ambassadeur Ferrero Rocher, je veux lutter contre ça ! ». Et quand ces deux facteurs sont mixés avec une proximité à la limite du mimétisme avec Nicolas Sarkozy, Boris Boillon avait toutes les chances d’être d’une redoutable efficacité. Après avoir déroulé sa carrière dans des capitales aussi sensibles qu’Alger ou Jérusalem, Boris Boillon n’a réellement fait son apparition et accédé à une notoriété certaine que lors de son passage en Irak. De cette période, les caméras qui l’avaient filmé retiendront sa démarche volontaire presque héroïque de retrouver la confiance des Irakiens même au prix de quelques entorses comme cette déclaration : «Potentiellement, l’Irak peut devenir un modèle politique pour ses voisins. Et, qu’on le veuille ou non, tout cela a été obtenu grâce à l’intervention américaine de 2003». Boris Boillon, un ambassadeur qui communique instantanément son action par Twitter et pose en maillot de bain sur un site de retrouvailles nostalgiques, a été contraint de présenter ses excuses à la télévision tunisienne avec cette autocritique en guise d’auto flagellation «J’ai été spontané plus que je n’aurais dû l’être. Dorénavant, je dois parler de manière plus polie».

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