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France : doutes croissants sur l’opportunité d’une loi contre la burqa

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Des doutes de plus en plus sérieux s’expriment dans la classe politique française, à droite comme à gauche, sur l’opportunité d’une loi sur l’interdiction du voile islamique intégral, le Parti socialiste s’y déclarant opposé. «Le Parti socialiste n’est pas favorable à une loi de circonstance», a déclaré mercredi son porte-parole Benoît Hamon sur la radio RTL, délivrant pour la première fois la position officielle du principal parti d’opposition sur la question d’une loi contre le voile intégral, burqa ou niqab. «Le Parti socialiste a débattu, il a rappelé des principes: nous sommes totalement opposés à la burqa, la burqa est une prison pour les femmes. Dans la République, elle n’a pas sa place mais une loi de circonstance n’aurait pas les effets escomptés», a-t-il expliqué. Pour lui, une telle loi serait inapplicable. Lundi, le président Nicolas Sarkozy a évoqué devant des responsables de son parti UMP (droite) la possibilité pour le Parlement d’adopter une résolution – une disposition non-contraignante – sur le port du voile intégral, sans toutefois exclure un recours à la loi. «La Constitution nous offre une possibilité qui est la résolution. Mais moi je ne suis pas opposé à ce que cela soit complété par des dispositions législatives ou réglementaires», a déclaré le chef de l’Etat. Une position jugée «pas très claire» par le PS, qui évoque le malaise du camp présidentiel, selon lui, «très divisé sur cette question». Depuis le lancement, en juillet, d’une mission parlementaire chargée de plancher sur le sujet, des responsables politiques de gauche comme de droite ont émis des doutes sur l’opportunité de légiférer, alors qu’il y a en France moins de 2.000 femmes portant le voile intégral, selon le gouvernement. Plusieurs élus de gauche et représentants de la communauté musulmane en France – forte de 5 à 6 millions de membres, selon les estimations – ont notamment mis en garde contre les risques de stigmatisation dans un contexte délicat, après la polémique sur l’interdiction des minarets en Suisse et alors que le débat actuel sur l’identité nationale en France est accusé de «dérapages racistes».
Jusqu’alors, l’opposition socialiste était globalement hostile à une loi, à l’exception de trois élus de la jeune garde du parti, mais à droite, une majorité de parlementaires et de membres du gouvernement s’y étaient déclarés favorables. En annonçant le 22 décembre le dépôt en janvier d’une proposition de loi interdisant le port de la burqa dans l’espace public, le chef de file des députés UMP Jean-François Copé a pris de court sa propre majorité et la mission parlementaire, censée rendre ses propositions d’ici la fin du mois. Cette annonce lui a valu un sévère rappel à l’ordre du président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, lui-aussi UMP, qui a jugé cette initiative «prématurée». Dans la foulée, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, prenait aussi ses distances, estimant qu’on ne pouvait pas «demander à la fois au Parlement d’occuper l’espace, d’être force de proposition, (…) et ne pas accepter qu’il y ait un débat sur les modalités d’interdiction de la burqa». Alors qu’il lançait le débat en juin en prévenant que la burqa n’était «pas la bienvenue en France» et affirmant ne pouvoir accepter des «femmes prisonnières derrière un grillage» au nom de la «dignité», Nicolas Sarkozy s’est montré cette semaine très prudent. En répétant qu’il ne voulait pas s’exprimer «avant les conclusions» de la mission parlementaire, le président n’a pas départagé son camp, ni offert de ligne directrice sur la question.

Sofia BOUDERBALA (AFP)

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