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France : Eric Besson lance un débat sur l’identité nationale

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Depuis la création de ce ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale par Nicolas Sarkozy, sa principale préoccupation affichée a été de vouloir réguler et contrôler les flux migratoires qui convergent vers la France. Quand il a été dirigé dans les premiers gouvernements de François Fillon par Brice Hortefeux, ce ministère ressemblait à une simple officine policière. Le principal titre qu’il assumait dans l’actualité était celui de la chasse accrue aux clandestins au point de se livrer, par saison, à un décompte macabre sur les records battus de reconduites à la frontière de clandestins. Depuis qu’il est dirigé par l’ex-socialiste, actuel dirigeant de l’UMP, Eric Besson, ce ministère semble prendre une autre dimension. Il est vrai qu’il y a eu l’épisode du démantèlement de la «Jungle» de Calais, véritable gare de transit pour les candidats à l’immigration vers la Grande-Bretagne, devant les écrans scénarisés de la télévison pour bien vendre une fermeté suspectée. Il y a eu dans la foulée les avions charters vers Kaboul pour montrer un signal de détermination. Et depuis quelques jours, Eric Besson semble avoir passé la vitesse supérieure pour appliquer à la lettre la seconde partie de la dénomination de son ministère, l’identité nationale, après avoir montré qu’il était intraitable sur les problèmes organiques de l’immigration. C’est ainsi que presque sans crier gare, Eric Besson ouvre le chantier de l’identité nationale: «J’ai envie de lancer un grand débat sur les valeurs de l’identité nationale, sur ce qu’est être Français aujourd’hui (…) Je vais le lancer avec les parlementaires, députés et sénateurs, avec les députés européens». L’objectif assumé est de braconner sur les terres du Front National : «Nous n’aurions jamais dû abandonner au Front National un certain nombre de valeurs qui font partie du patrimoine républicain (…) Je pense que la mort politique du Front National serait la meilleure nouvelle pour tous». Anticipant ce grand débat sur l’identité nationale, Eric Besson a livré quelques positions qui vont sûrement alimenter le débat comme sa position sur «la burqa (qui) est inacceptable et contraire aux valeurs de l’identité nationale» ou sur le nécessité pour les jeunes Français, à l’instar des jeunes Américains, d’avoir «une fois dans l’année l’occasion de chanter la Marseillaise».
Cette posture d’Eric Besson lui a valu une volée de bois vert de la part de l’opposition. Ainsi le porte-parole du Parti socialiste, Benoit Hamon, s’est empressé de le fustiger : «Eric Besson applique les idées du Front National : il met en œuvre des pans entiers de son programme avec un cynisme indigne (…) La jungle de Calais, c’est la création du gouvernement qui espère faire son beurre électoral sur cette misère». Il est vrai qu’entre les deux hommes, le Front National est devenu la suprême insulte. Lorsque dans l’affaire Frédéric Mitterrand, Benoit Hamon s’était joint à la meute de critiques pour l’accuser de pédophilie, Eric Besson avait raillé son nouveau statut de porte-parole de Marine Le Pen, la femme politique qui avait déclenché la tornade Mitterrand. Il est vrai qu’au début, lorsque Nicolas Sarkozy avait lancé à l’opinion française ce concept de «l’identité nationale» accolée à celui de l’immigration, nombreux étaient ceux qui avaient cru à une simple ruse politicienne pour adresser un message de bienveillance aux pans entiers de l’extrême droite qui avait assuré sa victoire contre Ségolène Royal. Une sorte de gadget clinquant que le gouvernement porte en bandoulière pour se donner bonne conscience. Les récentes déclarations d’Eric Besson montrent qu’il s’agissait d’une grossière erreur d’appréciation. L’identité nationale est un terrain que Nicolas Sarkozy compte labourer avec l’appétit d’un affamé pour engranger le maximum de bénéfice politique. Nicolas Sarkozy a atteint une séquence où il lui faut trouver des thématiques porteuses pour remobiliser le noyau dur de son électorat, actuellement mis sens dessus dessous par les frasques de ses ministres d’ouverture et l’insurrection froide de nombreuses personnalités de sa majorité.

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