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France : L’étrange liberté de parole de Rachida Dati

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C’est par petites touches de plus en plus visibles que Rachida Dati, la plus voyante icône de la diversité que Nicolas Sarkozy ait pu offrir à la France, se construit un nouveau personnage. Et il est loin de la petite midinette délurée ébahie par les lumières scintillantes de la ville, animée par un esprit de Rastignac aussi ambitieux que revanchard, venue de castes sociales les plus défavorisées. Rachida Dati avait pris les mauvaises habitudes de surprendre son monde par sa consommation effrénée de la planète People. Quand ce n’est pas par un flagrant lapsus ou une tonitruante gaffe, Rachida Dati brillait davantage par les robes et les bijoux qu’elle portait plutôt que par la pertinence des propos ou des idées qu’elle pouvait exprimer. Plus familière des pages mode et élégance, l’ancienne garde des Sceaux donnait cette vague impression qu’elle était au bout de son souffle créatif. Son poste de députée européenne, comme sa fonction de maire du septième arrondissement apparaissaient plus comme un lot de consolations, offert par un président de la République pour le service rendu à l’immense chantier de l’ouverture que par un territoire vaillamment conquis. Et depuis, Rachida Dati donnait cette impression de stationner dans une salle d’attente, à l’affût d’un coup de téléphone présidentiel qui la ferait revenir à son paradis perdu, le premier cercle de Nicolas Sarkozy, qu’elle avait été obligée de quitter tout en détresse et en frustration. D’ailleurs pendant une longue période, Rachida Dati servait à la presse une épaisse langue de bois sur son admiration, sa fidélité à l’égard du président de la République. Et si par moments elle pouvait se permettre des bouffées de critiques à l’encontre des hommes comme Brice Hortefeux ou François Fillon qu’elle soupçonne d’être derrière sa disgrâce, elle est restée linéaire avec Nicolas Sarkozy même aux pires instants lorsqu’elle avait été publiquement accusée d’avoir véhiculé des rumeurs malveillantes sur les infidélités du couple présidentiel. Politiquement, Rachida Dati se consola au sein du club «Génération France», monté par Jean-François Copé comme une rampe de lancement pour préparer sa candidature à la présidentielle de 2017. Ce club se transforma en un sourd instrument qui produit plus d’opposition au gouvernement que de soutien à Nicolas Sarkozy. Ces deniers temps, Rachida Dati semble avoir changé de fusil d’épaule. À l’égard de Nicolas Sarkozy, le ton a changé. Il n’est plus à la révérence contrainte ou aux silences obséquieux. Il est à l’impertinence et au défi. Sur au moins deux sujets majeurs, Rachida Dati a marqué une nette différence et entonné presque le chant des opposants. D’abord sur la politique étrangère de la France qui, au contact des révolutions arabes, plomba durablement la gouvernance de Nicolas Sarkozy au point de l’obliger à procéder à un remaniement seulement trois mois après avoir été obligé de renouveler sa confiance à François Fillon. En soulignant l’illisibilité de la diplomatie française et la parole française devenue inaudible, Rachida Dati porte un coup frontal à Nicolas Sarkozy. Elle achève sa mue en lançant des avertissements dans la presse pour que le débat sur l’Islam, devenu depuis débat sur la laïcité, voulu par Nicolas Sarkozy et par l’UMP ne se transforme en une entreprise de stigmatisation des musulmans de France. Dans la bouche de Rachida Dati, ces paroles sonnent comme une émancipation, une prise de distance avec son bienfaiteur qui peut aussi bien dissimuler une frénétique offre de service.

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