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François Fillon s’improvise en chef de campagne des régionales

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Le Premier ministre François Fillon a-t-il grillé la politesse à Nicolas Sarkozy en lançant depuis son fief des Pays de  la Loire la campagne des régionales de la majorité ? Même si la question est superflue parce que les deux hommes, par nécessité ou par devoir, s’étaient longtemps entendus sur un partage des rôles défini, la poser ne révèle pas que du caprice éphémère du chroniqueur. Alors que la gouvernance de Nicolas Sarkozy était violemment secouée par un persistant désamour, François Fillon, taciturne et effacé, avait longtemps bénéficié d’une forme de report d’estime. Sa cote de popularité s’entêtait à rester stable et en bonne santé jusqu’à provoquer une jalousie morbide de l’Elysée dont les conseillers persiflaient sur la posture de potiche dénuée de risque du Premier ministre. Mais depuis que la météo politique est à l’orage pour Nicolas Sarkozy, François Fillon est obligé de sortir du bois et de mouiller cette chemise si lisse dont deux années et demie de présence à Matignon n’ont pas réussi à froisser les plis. Plusieurs indications montrent que la décision a été prise de pousser le Premier ministre à jouer le rôle de paratonnerre et de démineur.
Ce choix n’a pas dû s’opérer dans la sérénité. Nicolas Sarkozy, habitué par gourmandise à concentrer entre ses mains tous les leviers de commande, à vouloir s’attirer toutes les lumières que produisent les grandes décisions politiques, a dû céder, dans la résignation, ce rôle à François Fillon.
La première grande indication de cette nouvelle distribution des rôles est le travail de recadrage auquel s’est livré François Fillon à l’encontre de certains de ses ministres. Et, inspiré par une forme d’opportunisme, François Fillon a profité de la rébellion et de l’indépendance d’esprit et de comportement ouvertement affichés par la secrétaire d’état aux Sports Rama Yade lorsqu’elle contredit publiquement sa ministre de tutelle Roselyne Bachelot, pour se livrer à une démonstration d’autorité. Il a profité aussi de la polémique cafouilleuse sur le grand emprunt pour exprimer un autoritarisme agacé à l’encontre du conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino. Entre les deux hommes, c’est le cutter de guerre qui est sorti de son étui. Quand François Fillon affirme d’une manière sèche qui se veut pleine de mépris et de négation de pouvoir que les conseillers présidentiels «ne faisaient pas parti du gouvernement», Henri Guaino à l’œil droit qui brille de colère et lâche : «A 52 ans, je suis insensible à toute forme de recadrage, d’où qu’elle vienne». C’est à croire que les malheurs de Nicolas Sarkozy font les petits bonheurs de François Fillon. La campagne des régionales est l’occasion pour lui d’adresser à ses troupes un grand signal de son retour du grand anonymat dans lequel Nicolas Sarkozy, son dynamisme, sa voracité, l’avaient parqué. Et en nouveau chef de la majorité, François Fillon exige une discipline sans faille de ses troupes et des personnalités alliées qui risque d’être tentée par des stratégies individuelles: «Ceux qui prennent le risque d’affaiblir leurs alliés naturels plutôt que d’être efficaces contre la gauche prendraient  une  lourde responsabilité». Cette montée en puissance de François Fillon n’est pas sans risque ni enjeux pour l’actuel Premier ministre. Son départ de Matignon était théoriquement programmé pour l’après-régionales, même si son vœu le plus cher, comme il l’a déjà exprimé, est de pouvoir faire un quinquennat complet.  De mauvais résultats aux élections régionales accentueraient à coup sûr son départ alors que de bonnes performances contre la gauche dans ce scrutin rendraient difficile son renvoi.  Le Premier ministre pourra toujours se consoler en se répétant en boucle cette phrase prêtée à Nicolas Sarkozy: «Quand je vois le profil de ceux qui se bousculent pour prendre Matignon, j’ai envie de garder François Fillon».

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