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François Fillon, un homme au bord de la rupture avec l’Elysée

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François Fillon atterrit aujourd’hui au Maroc pour animer le neuvième séminaire intergouvernemental franco-marocain avec son homologue Abbas El Fassi. Même si la visite dure à peine 24 heures et son programme réduit au strict minimum protocolaire, sans les grandes effusions habituelles, François Fillon a tenu à se faire accompagner par une importante délégation. Un des objectifs majeur de cette rencontre semble de faire le point et le suivi sur les projets de coopération entre Paris et Rabat lancés lors de la dernière visite de Nicolas Sarkozy au Maroc en octobre dernier, notamment la construction par la société française Alsthom d’un Train à grande vitesse (TGV) reliant Tanger à Marrakech.
Que sur le terrain marocain, François Fillon puisse marcher sur les traces de Nicolas Sarkozy pour tenter de traduire les promesses présidentielles en faits irréversibles, l’image est assez idyllique pour ne pas frapper les esprits et la démarche assez originale pour provoquer les murmures les plus interrogatifs. La relation entre les deux hommes semble atteindre un tel degré de nervosité qu’un proche de Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Brice Hortefeux se croit obligé de souligner avec de gros sabots la qualité de leurs rapports : «Les relations entre le président et le Premier ministre sont institutionnellement fortes et personnellement amicales (…) Le président de la République est un président engagé (…) Le Premier ministre porte les réformes. Il est très présent sur la scène médiatique pour faire la pédagogie de la réforme. C’est une bonne chose». Au cœur de la discorde entre l’Elysée et Matignon se trouve l’état de leur popularité dans l’opinion. Les sondages constatent une permanente chute de crédibilité de Nicolas Sarkozy étroitement liée à une insolente bonne santé de François Fillon. L’écart fut tel que de nombreux observateurs envisagent une inversion du rôle du fusible qui fait le charme des institutions de la cinquième république entre le président et son Premier ministre Et depuis, François Fillon ne rate aucune occasion de faire le constat de cette embellie. Lors de son voyage au Japon la semaine dernière, il avait confié aux journalistes cette phrase frétillante : «Je serais le dernier des cons si je vous disais que les bons sondages ne me font pas plaisir. Mais je me dis que tout ça est un peu irréel».
D’humeur abrasive, Nicolas Sarkozy ne parvient pas à cacher son irritation de voir son Premier ministre caracoler dans les sondages. Il laisse à ses collaborateurs le soin de souligner que cette bonne santé dans l’opinion est due au manque de prise de risque du Premier ministre qui reste cloitré dans son silence pour mieux recueillir les fruits de la frustration des Français.
Cette compétition entre les deux hommes donne lieu à une cacophonie gouvernementale qui rappelle les heures de gloire de la cohabitation. Les derniers exemples ne manquent pas : qu’il s’agisse du débat sur les OGM qui a failli coûter son secrétariat d’Etat à Nathalie Kosciusko-Morizet, aux multiples reculs sur la carte famille nombreuse à la SNCF, ou à la fin du remboursement par les sécurité sociale des lunettes brandie par la ministre de la Santé Roselyne Bachelot. Autant de sujets qui constatent un manque évident d’harmonie dans l’expression gouvernementale. La dernier pique ne date de François Fillon pour marquer sa touche à la laïcité. Le Premier ministre veut promouvoir «une vision juste et apaisée de la laïcité». Ces mots sonnent comme un désaveu de Nicolas Sarkozy soupçonné de vouloir remettre en cause la loi de 1905. Parce qu’il est dans l’incapacité immédiate de procéder au remplacement de François Fillon, Nicolas Sarkozy a mis en orbite Xavier Bertrand en le nommant vice-président de l’UMP. Une manière d’obliger le Premier ministre de mouiller sa chemise et de quitter sa posture angélique qui lui procure la sympathie des français. Dans son analyse des rapports de plus en plus difficiles avec le président de la République, François Fillon estime qu’il s’agit de l’œuvre diabolique de collaborateurs malveillants : «Tant que le président me donne sa confiance et que la majorité me donne sa confiance pour mettre en œuvre les projets, je le fais. Le reste, moi je ne sais pas ce qu’on dit à l’Elysée, je n’ai jamais accordé la moindre importance aux commentaires des collaborateurs, je pense que ça n’en a pas».

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