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Gibraltar fait son référendum

La petite colonie britannique située à l’extrême sud de l’Espagne n’en démord pas. Après avoir crié à la traîtrise en juillet dernier lorsque le ministre britannique des Affaires étrangéres a évoqué quelques avancées dans ses entrevues diplomatiques avec son homologue espagnole, le Rocher a décidé de prendre les devants. « Il y a plus de chances pour que l’Enfer gèle que pour que la population de Gibraltar vote un jour en faveur d’une souveraineté partagée avec l’Espagne », avait déjà prévenu Peter Caruana, principal ministre de Gibraltar. Non, l’avenir politique du Rocher aussi petit (six kilomètres carré) que stratégique (situé au nord du détroit dont il porte le nom) ne sera pas décidé dans les couloirs des chancelleries des deux couronnes, mais à Gibraltar même ! Et les quelque 30.000 âmes qui y vivent n’ont jamais envisagé de renoncer à leur identité britannique obtenue en 1713 par un traité de paix, celui d’Utrecht.
Cet accord stipulait d’ailleurs que le territoire était cédé « à vie » à Londres qui trouvait là un moyen de contrôler le carrefour de la route maritime Atlantique-Méditerranée et de la voie terrestre Europe-Afrique.
Madrid a cependant essayé de récupérer le Rocher à maintes reprises, objectif qui est devenu depuis des années une de ses plus grandes préoccupations diplomatiques. Les Gibraltariens avaient même été amenés à une première consultation populaire en 1967, et avaient alors souhaité par 12.138 – contre 44 ! – rester sous le giron britannique. Largement privilégié de par sa position géographique et son intégration dans l’Union européenne, le territoire avait subi une première secousse en 2001 lorsque les deux couronnes avaient entamé des pourparlers à son sujet. Il s’agissait alors de convenir d’un futur statut de souveraineté partagée, et un accord de principe devait être trouvé cet été entre les deux parties. Malgré un certain enthousiasme en juillet, lorsque les premières négociations ont commencé entre Jack Straw et Ana Palacio – qui a remplacé en juin José Piqué à la tête de la diplomatie espagnole -, le processus semble aujourd’hui bloqué. Et les sujets de désaccords ne manquent pas ! Londres refuse en effet d’abandonner sa base militaire sur le Rocher mais aussi et surtout de remettre en cause le principe de co-souveraineté. Madrid veut au contraire qu’à terme, l’un des deux couronnes hérite du territoire. L’Espagne est aussi totalement opposée à toute organisation d’un référendum qui laisserait le dernier mot aux Gibraltariens… La dernière entrevue entre Jack Straw et Ana Palacio remonte au 27 septembre à Londres et, contrairement aux précédentes, elle n’a donné lieu à un prochain rendez-vous.
Le Rocher entendait-il ce jeudi exercer une pression supplémentaire sur le gouvernement Blair, déjà largement critiqué par les milieux conservateurs anglais ? Le pouvoir local n’a cessé de répéter que toute remise en cause du statut de Gibraltar violerait sa Constitution datant de 1969. Outre la large autonomie qu’elle confère au territoire, celle-ci stipule en préambule que Londres ne peut conclure « d’accords en vertu desquels le peuple de Gibraltar passerait sous la souveraineté d’un autre Etat contre ses souhaits exprimés librement et démocratiquement ».
Les 20.000 électeurs du Rocher ont donc décidé de se poser eux-mêmes la question : « Approuvez-vous le principe d’un partage entre l’Espagne et le Royaume-Uni de la souveraineté sur Gibraltar ? ». Une consultation « virtuelle » selon la ministre espagnole des Affaires étrangères qui a souligné lundi qu’elle portait « sur le résultat hypothétique d’un accord » dont les deux parties ont semblé s’éloigner. Pour ces mêmes raisons, le gouvernement britannique a aussi rejeté l’initiative gibraltarienne en annonçant qu’il ne « reconnaîtrait pas un référendum organisé uniquement pour rejeter la politique du gouvernement de sa Majesté, sans aucune réflexion ni débat »…

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