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Guinée : Dadis Camara poursuivra sa convalescence à Ouagadougou

© D.R

Le chef de la junte guinéenne, Moussa Dadis Camara, qui a fait une arrivée-surprise mardi au Burkina, se présentait depuis le putsch de 2008 comme le seul capable de dominer une armée «incontrôlable», lui «le petit capitaine» convaincu que Dieu l’a «choisi» pour diriger le pays. Il était en provenance du Maroc, où il a été hospitalisé à la suite d’une grave blessure à la tête consécutive à une tentative d’assassinat par son propre aide de camp le 3 décembre à Conakry.
Mince et de petite taille, invariablement coiffé d’un béret rouge, «Dadis» vivait et travaillait en permanence dans le camp militaire Alpha Yaya Diallo de Conakry, au milieu de très nombreux portraits de lui-même.
«Candidat à la présidentielle ? Non ! L’ambition du pouvoir ne m’a jamais animé», assurait fin décembre 2008 cet officier de 44 ans, propulsé à la tête de l’Etat juste après la mort du dictateur Lansana Conté (1984-2008). Mais il semblait déjà grisé par son rôle de «petit capitaine devenu président par le biais du destin», «choisi par Dieu qui détient le pouvoir et le donne à qui il veut», selon ses mots. Et en avril 2009, il assurait déjà que personne ne pourrait l’empêcher de se présenter à la présidentielle. La plupart des Guinéens n’ont découvert que le 23 décembre 2008 cet officier inconnu, aux yeux toujours brillants.
A la radio, il annonce alors la prise du pouvoir par l’armée, sans effusion de sang. Le lendemain, les putschistes en font leur numéro 1. Devenu soldat en 1990, il a fait carrière à l’intendance, jusqu’au poste de directeur général des hydrocarbures des armées. Il a aussi été l’un des meneurs des mutineries meurtrières de 2007, même s’il assure avoir toujours été «celui qui calmait la troupe». Lui-même valorise beaucoup ses formations de parachutiste commando et d’officier en Allemagne, mais n’a jamais appartenu à une unité opérationnelle. Dans un premier temps, une large partie des Guinéens est convaincue par ses discours résolus contre «la corruption généralisée». «Le plus important est l’aspiration du bas peuple de Guinée, pas de ceux qui mènent une vie ostentatoire dans la richesse», répète-t-il, en se présentant comme un enfant d’une «famille pauvre» de la région de Nzérékoré (1.000 km de Conakry), «né dans une case», qui a «marché pour aller à l’école». Ses apparitions à la télévision, rebaptisées le «Dadis Show», fascinent aussi: il attaque en direct des militaires accusés d’avoir trempé dans le trafic de cocaïne, tels les fils du défunt président Conté.
Tour à tour blagueur et colérique, il tient des discours exaltés et confus.  Et l’inquiétude s’installe face à une «dérive dictatoriale» dénoncée par les ONG. De hauts responsables de l’armée et des civils sont envoyés directement en prison sans passer par la case justice et exposés au risque de torture.
Le 28 septembre, le massacre perpétré par l’armée à Conakry marque une rupture terrible: au moins 150 opposants sont tués, selon l’ONU, des chefs de partis roués de coups, des dizaines de femmes violées par des soldats.
Après le bain de sang, Dadis continue pourtant de soutenir son «armée», dont il dit qu’elle est «incontrôlable» mais qu’elle a «du sentiment et du respect» pour lui. Il nourrit, en revanche, une haine manifeste à l’égard des leaders de l’opposition, accusés d’avoir provoqué le carnage pour «ternir son image». Son narcissisme de «père de la nation» a empiré. Le «président Dadis» fait souvent, à la troisième personne, son propre éloge de «révolutionnaire progressiste» et «patriote intègre». «Dadis est mentalement malade», avancent des opposants civils et militaires. Il présente des signes d’«instabilité mentale», a même assuré en novembre la présidente de l’ONG International Crisis Group, Louise Harbour.

  Laurence Boutreux (AFP)

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