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Hosni Moubarak, l’éternel médiateur

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Le sommet de Charm El Cheikh auquel sont conviés ce lundi l’Israélien Ehud Olmert, le Jordanien Abdallah II  et le Palestinien Mahmoud Abbas autour de Hosni Moubarak est loin d’être une rencontre de diplomatie  touristique dont la région est devenue un symbole reconnaissable. Cette invitation a été lancée dans l’urgence après que le Hamas ait décidé d’imposer sa domination par la force sur la bande de Gaza, obligeant Mahmoud Abbas à limoger son chef  Ismaël Hanieh et le remplacer par le financier Salam Fayyad.
Il est clair que le sommet de Charm El Cheikh se donne pour objectif d’apporter une légitimité internationale au contre coup de force opéré par Mahmoud Abbas lorsqu’il a installé le cabinet de crise et mis par la même occasion l’équipe Hanieh hors la loi. Selon la vision égyptienne, ce soutien ne peut s’exprimer de manière efficace que si Israël consent à prendre des mesures concrètes pour faire renaître la confiance des Palestiniens dont le moral est en berne depuis les derniers élections législatives qui ont vu le Hamas prendre le pouvoir. Et quelle que soit l’identité de l’interlocuteur palestinien, les attentes autour de ce sommet sont reformulées à l’identique. Charm El Cheikh sera l’occasion pour le président palestinien «d’insister pour obtenir la levée totale du siège (israélien) et d’une action sérieuse pour faire avancer le processus de paix afin de créer un Etat palestinien».
Plus que jamais le président égyptien est en train de subir une épreuve décisive non seulement  pour sa carrière politique qui touche, l’âge aidant, à sa fin, mais pour la sécurité de son pays. Nouveauté de l’époque, la réussite de ce sommet n’est pas qu’une préoccupation palestinienne. Après avoir fait depuis longtemps du « Go between »  entre Israéliens et Palestiniens son principal fond de commerce, l’Egypte se trouve aujourd’hui  dans l’œil du cyclone par la menace d’installation à ses frontières d’un no man’s land sécuritaire sous influence iranienne.
En effet, l’Iran  et son influence croissante dans la région sont devenus le cauchemar vivant des autorités égyptiennes.  Fait stratégique original, l’Egypte partage avec Israël la crainte de voir s’ériger à ses portes ce que de nombreux éditorialistes décrivent comme une possible rampe de lancement de l’idéologie déstabilisatrice des Ayatollahs qui se rajoute au Hezbollah libanais et aux Chiites d’Irak.  Il est politiquement clair qu’avec le Hamas dominant Gaza, reconnu par la seule Syrie et en partie le Qatar, l’Iran renforce sa présence et sa capacité de nuisance dans la région.
L’Egypte est, pour la bande de Gaza qui se présente comme un territoire de 360 km2 où se concentrent 1,3 million de Palestiniens, la seule ouverture vers l’extérieur. Même si l’ensemble du personnel politique du Hamas est dûment répertorié dans les bureaux des  redoutables Moukhabarat, une majorité de  ses membres ayant fait son apprentissage de la politique dans les écoles égyptiennes, Hosni Moubarak craint que la situation, sous la pression agressive et revancharde des Israéliens, n’échappe à tout contrôle. Le puissant mouvement des Frères musulmans, qui revendique une relation filiale avec le Hamas, ne restera pas inactif devant la mise à mort programmée de son allié.
 Face à ces dangers frontaliers d’une nouvelle  nature, Hosni Moubarak, accusé par ses détracteurs de se préparer à céder son fauteuil à son fils Gamal, ne jouit pas d’une tranquillité domestique. Son style de gouvernement est de plus en plus contesté par une active opposition laïque ou islamiste. Il a longtemps subi une pression sans précédant de la part de l’administration Bush, quand celle-ci rêvait de faire de l’Egypte un pays laboratoire de son projet  de démocratiser le Moyen-Orient. Le discours avertissement de Condoleezza Rice sur l’urgence des réformes du régime égyptien est encore dans tous les esprits. Hosni Moubarak ne doit le retour à de meilleurs sentiments à son égard  qu’au bourbier irakien, au volcan libanais et à l’impasse palestinienne.
Avec le sommet de Charm El Cheikh, Hosni Moubarak a une obligation de résultats. Le dégel par Israël de 550 millions de dollars d’impôts et de taxes palestiniens, la libération des prisonniers et l’amélioration de la vie des Palestiniens de Cisjordanie paraissent faire partie du plancher minimal d’un effet d’annonce réussi qui remet l’Egypte dans son éternel rôle de médiateur.

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