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Irak : Le scrutin qui divise

Il n’y a pas de doute que les autorités américaines et, partant, celle irakiennes également ont la ferme intention d’organiser des élections législatives. En fait, ce scrutin doit désigner une assemblée chargée de rédiger la future Constitution du pays.
Mardi dernier, le président américain, George W. Bush, le Premier ministre irakien, Iyad Allaoui, ont discuté, au téléphone, « des préparations pour les prochaines élections afin de s’assurer que la date du 30 janvier fixée par la Commission électorale sera respectée », a dit le porte-parole de la Maison-Blanche, Scott McClellan. Ils sont « déterminés à ce que les élections se déroulent de la meilleure façon possible, avec la plus forte participation possible. Et, pour cela, nous travaillons sur les questions de sécurité », a-t-il ajouté.
Toutefois, ces mêmes autorités (américaines et irakiennes) reconnaissent clairement que ces consultations ne seront, non seulement pas parfaites, mais elles ne concerneront qu’une partie de la population irakienne. « Les élections ne seront pas exemplaires, ni organisées à 100%. Il y aura des problèmes mais nous pouvons les tenir parce que la majorité du peuple irakien le veut », a affirmé le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, dans une déclaration au journal égyptien «Al Ahram».
Reste à savoir comment le gouvernement irakien a pu sonder l’opinion de « la majorité du peuple irakien ». Toujours, est-il, l’opportunité d’organiser des élections, dans un Irak occupé militairement par les Américains, divisent sérieusement les Sunnites et Chiites. Les premiers ayant annoncé la couleur: le boycott des élections.
Selon McClellan, le Premier ministre Allaoui a dit au Sunnites: « Vous avez un rôle important à jouer dans l’avenir de l’Irak, et le meilleur moyen est de participer à ce scrutin ». Il va sans dire que certains pays voisins de l’Irak, c’est-à-dire les Etats du Golfe, la Syrie et même l’Egypte redoutent que les transformations politiques en Irak ne s’opèrent à leur défaveur. Et ceci à double titre. D’une part, les Etats sunnites craignent une hégémonie chiite dans la région. L’Irak de demain, qui risque (démographie oblige) d’être contrôlé par les Chiites, est perçu comme un véritable danger. Autre préoccupation des voisins de l’Irak (et cette fois l’Iran également): le passage à la deuxième phase du plan expansionniste américain. Et pour cause, quand l’Irak sera considéré comme une « zone sécurisée », sur tous les plans, Washington compte inéluctablement passer à un autre pays. Ce sera probablement l’Arabie saoudite, voire l’Iran et pourquoi pas la Syrie ou l’Egypte. En tout cas, en scindant l’Irak en deux, Chiites d’un côté et Sunnites d’un autre, les faucons américains espèrent priver Téhéran, la cible de demain, d’un appui chez les pays arabes. L’Iran en est, bien évidemment conscient. C’est d’ailleurs pour cette raison que le gouvernement iranien s’est clairement abstenu de soutenir l’équipe d’Allaoui à Bagdad. C’est aussi la raison pour laquelle, Téhéran et le Caire ont amorcé une coopération, assez discrète, certes, mais très efficace, pour contrer la tentative américaine de semer la zizanie entre les Sunnites et les Chiites.
En conclusion, les élections générales en Irak ne risquent pas de changer grand-chose. Le gouvernement installé par Washington ne disposera toujours d’aucune légitimité. Ni populaire, car tous les Irakiens ne se seront pas prononcés, ni politique puisque l’Iran (officiellement) et les Etats arabes (officieusement) continueront à voir Bagdad d’un mauvais oeil.

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