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Irak : L’UE en ordre dispersé

Le Parlement européen l’a dit et il l’a encore répété jeudi au moment où certains de ses – futurs pour certains – membres affichaient une position contradictoire sur la question irakienne : rien ne justifie à l’heure actuelle une intervention militaire contre Baghdad. Dans la résolution qu’ils ont votée, les élus ont aussi exhorté les Etats-Unis à éviter «d’user unilatéralement de la force contre le régime» de Saddam Hussein, ce qui constituerait «une violation du droit international susceptible de plonger la région dans une crise encore plus profond». Pourquoi ce débat parlementaire ?
Quelques heures plus tôt, les dirigeants de huit pays du vieux continent avaient appelé à l’unité avec les Etats-Unis face à l’Irak. Washington cherchant actuellement à former une «coalition de volontaires» pour attaquer Baghdad. Dans une lettre commune publiée par le Times londonien, les chefs d’Etat de la Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Hongrie, le Danemark, la Pologne et la République tchèque ont donc estimé que la crédibilité des Nations-Unies était en jeu. «Nous ne pouvons pas permettre à un dictateur de violer systématiquement ces résolutions. Si elles ne sont pas respectées, le Conseil de sécurité perdra sa crédibilité et la paix mondiale en pâtira», ont écrit les signataires. «Notre force réside dans l’unité», ajoutait la lettre. Qui l’a initiée ? De l’avis général, les deux inspirateurs de cet appel sont le premier ministre britannique Tony Blair et son homologue espagnol José Maria Aznar. Ce dernier a même confirmé être le rédacteur du texte. L’idée de départ ne lui revient cependant pas, ont assuré ses proches, allusion faite au rôle qu’a également joué Tony Blair. Les deux hommes devaient d’ailleurs se retrouver jeudi soir dans la capitale espagnole, avant une réunion prévue entre le premier ministre britannique et le président américain à Camp David.
Londres et Madrid, alliés traditionnels de Washington, auraient-ils été agacés par la récente consolidation du bloc franco-allemand ? Au cours de toutes les réunions décisionnelles de ces derniers mois, Paris et Berlin ont en effet formé un front commun décisif. Que ce soit sur l’élargissement de l’UE et la question des subventions agricoles, la candidature turque ou, dernièrement sur l’Irak, leur association a largement pesé sur les Quinze. Ces derniers, poussés par cette amitié renaissante, avaient même réussi à parler d’une seule voix mardi dernier devant le Conseil de sécurité de l’ONU, en réclamant un prolongement des inspections de l’ONU en Irak. Non sans grincements de dents, surtout du côté des dirigeants britanniques, largement favorable à la feuille de route du président Bush.
Reste le 5 février et le dernier round onusien prévu sur la question irakienne. Pour la France et l’Allemagne, cette réunion de mercredi constitue «une étape dans la poursuite des inspections». L’initiative des «huit» aurait-elle pour objectif de remettre cette position en question ? Cet appel a été minimisé jeudi par les deux chancelleries. Dominique de Villepin l’a par exemple présenté comme «une contribution au débat». «Ne cherchons pas à opposer une Europe contre une autre, alors que chacun voit que nous défendons les mêmes principes » a déclaré le chef de la diplomatie française, tout en rappelant le texte adopté unanimement par les Quinze sur le sujet. Pour la « vieille Europe» tant décriée par les dirigeants américains qui s’amusent également de la voir divisée, le débat est désormais relancé. Avec pour toile de fond une autre polémique, américano-britannique cette fois-ci : l’appel « des huit » était normalement destiné au Wall Street Journal, selon le quotidien lui-même ! La radio nationale espagnole a affirmé que cette lettre avait même été suggérée par le journal américain, qui avait proposé aux dirigeants espagnol, britannique et italien, un message d’appui aux Etats-Unis…

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