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Irak : quand la Turquie s’en mêle

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L’incident aurait pu passer inaperçu si les deux pays n’étaient pas déjà en froid. L’arrestation vendredi par les troupes américaines de soldats turcs au nord de l’Irak a mobilisé ce week-end les plus hautes instances militaires et politiques d’Ankara. A commencer par le Premier ministre Tayyip Erdogan qui a accusé samedi l’armée américaine d’avoir arrêté des membres des forces spéciales turques dans le nord de l’Irak. Si certains des 11 soldats interpellés, à Soulaïmaniah, ont déjà été relâchés, le chef du gouvernement islamiste a qualifié l’incident de «regrettable», précisant que «cela n’aurait jamais dû se produire». «Ils parlent d’un événement en rapport avec la municipalité de Kirkouk. Il n’est rien à ce sujet qui puisse être approuvé ou considéré de manière positive», a-t-il estimé. L’indignation en Turquie est particulièrement forte, les influents généraux du pays allant jusqu’à parler de possibles «rétorsions», notamment la fermeture de l’espace aérien turc aux avions américains, si tous leurs militaires n’étaient pas libérés. Il faut dire que les relations ne sont pas au beau fixe entre les deux Etats depuis le déclenchement de la guerre en Irak. Le Parlement turc dominé par le Parti de la justice et du développement, avait en effet refusé in extremis à Washington le déploiement de ses soldats au sud du territoire. Cette décision, survenue malgré les larges «compensations» financières promises par l’administration Bush, avait obligé le Pentagone à revoir ses plans d’invasion de l’Irak, privés d’un front nord. Certes les Turcs ne sont pas restés inactifs durant le conflit puisqu’ils avaient même menacé d’intervenir face à l’avancée des combattants kurdes sur certaines villes du nord comme Mossoul et Kirkouk. L’équation pour Ankara est simple : il faut empêcher toute émancipation des Kurdes irakiens, lesquels pourraient relancer l’élan séparatiste des Kurdes de Turquie. Le pays a d’ailleurs déployé un millier de soldats dans le nord de l’Irak pour traquer «ses» rebelles indépendantistes. Dans ce contexte, on comprend mieux l’incident de vendredi puisque les militaires arrêtés sont accusés d’avoir projeté une attaque contre un gouverneur régional kurde à Kirkouk. Vrai ou faux ? «Rien de tout cela n’est croyable. La Turquie travaille pour la stabilité de l’Irak, pas pour déstabiliser l’Irak», a rétorqué le ministre des Affaires étrangères, Abdullah Gül, qui s’est entretenu samedi avec le secrétaire d’Etat américain Colin Powell. De Soulaïmaniah, les soldats incriminés avaient été transférés vendredi à Kirkouk, puis Bagdad. Selon l’agence Anatolie, 24 personnes seraient au total concernées par cette affaire qui a mobilisé une centaine de militaires américains. Ceux-ci auraient été jusqu’à investir le quartier militaire turc pour appréhender les 11 suspects. En avril dernier, une douzaine de soldats turcs avaient déjà été appréhendés par les Américains dans la région où ils auraient tenté de provoquer des tensions entre Kurdes et Arabes.

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