Irak : Un bain de sang évité de justesse

Les forces irakiennes et américaines ont pris lundi le contrôle de la ville de Madaïen, au sud de Bagdad, où se retranchait un groupe d’insurgés sunnites qui déclaraient détenir 80 otages chiites. Concernant la prise d’otages, les autorités irakiennes ont déclaré n’avoir trouvé aucune trace des habitants qui auraient été détenus par des insurgés sunnites.
Ainsi la prise de la ville a mis fin aux rumeurs qui circulaient depuis samedi, selon lesquelles des ins-urgés sunnites détenaient plusieurs dizaines d’otages chiites.
Selon les médias, une force de 1.500 hommes des commandos et policiers du ministère de l’Intérieur a pénétré sans combat à Madaïen. Lundi matin, les rues de la ville étaient désertes et la plupart des 7.000 habitants restaient terrés chez eux, dans la crainte d’opérations militaires, rapporte l’AFP.
«Toute la ville est sous notre contrôle, nous avons sécurisé les maisons où les gens disaient qu’il y avait des otages et nous n’avons pas pu en trouver un seul », a déclaré un général irakien à l’AFP.
L’affaire de la prise d’otages a débuté vendredi soir, suite à une série de déclarations contradictoires. Se basant sur des témoignages de civiles et de militaires ayant fui Madaïen, des sources du ministère de la Défense avaient affirmé que des hommes armés détenaient quelque 80 habitants chiites dont femmes et des enfants. Les  mêmes sources ont ajouté que les ravisseurs ont menacé de les tuer à moins que tous les chiites n’évacuent la ville.
Ensuite, d’autres informations ont indiqué qu’une opération des forces irakiennes ainsi qu’une médiation du Comité des oulémas musulmans, l’association des religieux sunnites, ont permis la libération les otages. Une information qui sera démentie par Abdel Salam al-Koubeissi, un responsable du Comité des oulémas. Salam al-Koubeissi a déclaré qu’il n’y avait pas eu de médiation proprement dite pour libérer des otages, pour la simple raison qu’il n’y avait pas d’otages.
Les observateurs craignaient que cette affaire ne fasse sombrer l’Irak dans une guerre religieuse interne. Surtout que la ville de Madaïen se trouve dans une zone où les insurgés sunnites sont très actifs. En effet, la supposée prise d’otages est l’illustration parfaite du climat de méfiance qui subsist entre les principales communautés irakiennes.
Cette affaire a failli aggraver la situation en Irak, qui trois mois après les élections du 30 janvier,  est toujours sans gouvernement. Affichant leur mécontentement, des députés ont affirmé que ce retard pesait sur la situation sécuritaire et économique.
« Plus le processus traîne, plus nous verrons de l’instabilité et des attaques terroristes », a déclaré Hoshyar Zebari, un Kurde, ministre sortant des Affaires étrangères.
De son côté, Houmam Hamoudi, député chiite, a jugé nécessaire de résoudre la question de formation du gouvernement d’ici la fin de la semaine prochaine, vu que la situation de la sécurité et de l’économie ne fait que se détériorer.
Sur le terrain, la violence n’a pas diminué. Au moins treize personnes ont été tuées dans des violences, dont un soldat américain dans une attaque et un Français, une humanitaire américaine et une personne non identifiée dans un attentat suicide contre leur véhicule sur la route de l’aéroport de Bagdad.
Selon les derniers chiffres du Pentagone, ce décès porte à 1.551 le nombre de soldats américains morts en Irak depuis l’invasion de ce pays en mars 2003. Dans le nord, un oléoduc de la région de Kirkouk alimentant la raffinerie de Baïji, a pris feu après un acte de sabotage. Par ailleurs, il faut préciser qu’un premier contingent de 40 soldats sur les 450 militaires supplémentaires que l’Australie a décidé d’envoyer en Irak est arrivé au Koweït. Ces nouvelles forces, qui seront en place vers la fin mai, seront chargées de protéger les troupes japonaises en mission humanitaire dans la province d’Al-Muthanna. Elles devront remplacer un corps de 1.400 Néerlandais. L’Australie compte déjà quelque 450 militaires en Irak.