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Irak : Une trêve très précaire

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Au lendemain d’affrontements qui ont fait une soixantaine de morts, dont vingt soldats irakiens, un calme prudent régnait hier dans la ville de Diwaniyeh, située à 180 kilomètres au sud de Bagdad. «Nous observons en ce moment le retrait des miliciens. Ils ont commencé tôt ce matin et ils n’ont pas encore terminé», a déclaré un capitaine de l’armée irakienne, cité par l’AFP.
Cette accalmie a été obtenue après un accord conclu grâce à l’intervention des responsables locaux, dont le chef radical chiite Moqtada Sadr, entre l’armée et les miliciens chiites. Cet accord prévoit que l’armée retire de la ville ses renforts, alors que les miliciens chiites doivent évacuer un quartier qu’ils occupaient. Mais ce retrait « tactique», semble-t-il, n’est pas fait pour durer. Hier matin même, une forte explosion s’est produite à une vingtaine de kilomètres de la ville de Diwaniyeh, sur un oléoduc faisant 36 morts. «Il s’agit d’une explosion accidentelle», a affirmé le ministère de la Défense, sans en préciser les causes. Quoi qu’il en soit, le calme constaté hier demeure empreint de tension.
Les autorités irakiennes sont appelées à réexaminer l’arrestation, samedi, d’un chef local de l’armée du Mehdi ; laquelle arrestation a mis le feu aux poudres. Le ministère de la Défense fait état de 60 morts, dont 20 soldats et 40 miliciens ; un lourd bilan qui en dit long sur l’ampleur des affrontements, mais qui porte à réfléchir sur les origines de la haine que les miliciens chiites éprouvent à l’endroit d’une armée irakienne accusée d’être à la solde de l’état-major des forces américaines.
Le mouvement chiite, placé sous les ordres du jeune dirigeant Moqtada Sadr, est farouchement opposé à l’occupation américaine, mais ne boude pas le processus politique engagé en Irak. Ce courant compte une trentaine de sièges au Parlement, sur 275, et plusieurs ministères dans le gouvernement d’union nationale du Premier ministre Nouri al-Maliki.
Cette forte présence politique n’a d’égal que le respect inspiré, entre autres des dirigeants chiites, par Moqtada Sadr, qui peut mettre à profit la supériorité numérique dont jouit la population chiite basée principalement dans le sud du pays, talonnée par les Kurdes qui briguent le contrôle des puits pétroliers dans le nord de l’Irak. Minoritaires, les sunnites craignent de se retrouver écartés du jeu politique dans l’Irak de la sacro-sainte «démocratie» promise par les Etats-Unis.
Le spectre de la « partition » n’est pas pour apaiser les craintes des sunnites, qui s’accrochent bec et ongles à un « Irak uni » et s’opposent à l’idée de tout fédéralisme susceptible de les cantonner dans des régions désertiques, alors que les chiites et les Kurdes sont basés dans des régions riches en ressources pétrolières.
Le président du Kurdistan autonome irakien, Massoud Barzani, a affirmé hier qu’il soutenait le processus de réconciliation nationale du Premier ministre Nouri al-Maliki, à condition qu’il ne remette pas en cause «les droits» des Kurdes. Samedi dernier, plusieurs centaines de chioukhs tribaux ont signé un « pacte d’honneur » destiné à faire « cesser les violences» dans le pays et d’appuyer le plan de réconciliation nationale proposé par le gouvernement de Nouri al-Maliki. Ces chefs tribaux pourront-ils tenir leur « parole d’honneur » ?
« L’union sacrée » de l’Irak tiendra-t-elle face aux dérapages sanglants des seigneurs de la guerre ? La poursuite de l’occupation américaine n’y est-elle pas pour quelque chose ?

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