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Italie : Silvio Berlusconi mis KO par les Italiens qui «ne l’écoutent plus»

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Quinze jours après la gifle des municipales, Silvio Berlusconi a subi un désaveu cinglant avec le non des Italiens à trois de ses lois, un vote sans conséquence politique immédiate mais qui reflète un nouveau «climat culturel» et fragilise sa coalition avec la Ligue du Nord. «Si le vote aux municipales était une gifle, celui-ci est un KO pour le centre-droit», souligne le quotidien milanais Il Corriere della Sera. «Il s’agit d’une gifle-bis», renchérit Roberto D’Alimonte, professeur de sciences politiques à l’Université Luiss de Rome, qui y voit aussi le «signe que l’entente entre Berlusconi et son électorat diminue». Une écrasante majorité des votants -94,3 à 96% selon la question- a voté contre des lois instituant le retour à l’atome, l’ouverture au privé de la gestion et distribution de l’eau et une forme d’immunité pour le chef du gouvernement face à ses ennuis judiciaires, selon les chiffres complets. «Il s’agit d’un résultat surprenant et inattendu, d’autant plus que c’est la première fois depuis 16 ans qu’on atteint le quorum pour un référendum, malgré les tentatives de le délégitimer de la part du gouvernement», analyse pour l’AFP Ilvo Diamanti, chroniqueur du quotidien La Repubblica. «Le climat social et culturel a changé et il y a une forte demande de manifester ce changement», estime ce sociologue pour qui «la participation élevée (plus de 60%) n’est pas un hasard». Selon M. Diamanti, «le rôle des réseaux sociaux a été très important». «L’Internet est utilisé par des franges de la population plutôt jeunes et instruites, donc limitées, mais cela a été fondamental car ce sont eux qui se sont le plus mobilisés». Les commentateurs du journal La Stampa (centre) mettent aussi l’accent sur le rôle «des milliers de citoyens réunis dans de nouvelles familles électorales des réseaux sociaux, où l’on va voter parce qu’un ami t’a informé et non plus le parti». Pour Ilvo Diamanti, ce référendum ne doit pas être considéré comme «politisé», «car finalement le référendum sur l’immunité de Berlusconi est celui qui était le moins mobilisateur» pour aller aux urnes. Les électeurs ont participé surtout à cause «des autres (sur le nucléaire, l’eau) car ils sont partie intégrante d’un nouveau climat culturel: la peur de l’autre a été remplacée par la peur de l’environnement, la peur du rapport avec l’avenir», note-t-il. Ce nouveau climat a échappé aux politiques, au premier rang desquels le Cavaliere, qui a reconnu, selon des propos rapportés par le Corriere, que «ce n’est plus comme avant: ils (les Italiens) ne m’écoutent plus». La coupure avec le pays réel concerne aussi «l’Italie de la culture, des journaux et de l’establishment (qui) s’est refusée à voir et comprendre jusqu’à ce que les Italiens voient et comprennent à sa place», selon la Repubblica. Pour autant, malgré les signes d’impatience de la Ligue du Nord, allié indispensable de la coalition de Berlusconi, ce camouflet ne devrait pas bouleverser à court terme le paysage politique italien. Le chef de la Ligue Umberto «Bossi et Berlusconi feront tout pour ne pas aller aux urnes (avant l’échéance de la législature en 2013), car pour eux ce serait très dangereux», tranche Ilvo Diamanti. Selon lui, «ils représentent le passé» mais dans le camp des vainqueurs du référendum, «il n’y a pas un seul leader», relève La Stampa. Lundi, le peu charismatique chef du Parti démocrate (gauche, principal parti d’opposition), Pier Luigi Bersani, a demandé sans surprise et pour une énième fois la démission de Berlusconi, qui reste malgré les bourrasques le maître du jeu.  «Le leadership de Berlusconi est fortement remis en question, mais il a encore des flèches à son arc», résume Roberto D’Alimonte.

  Gildas Le Roux (AFP)

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