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Jean-Marc Ayrault, l’inconnu du Parti socialiste

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Une des rares fois où Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste au Parlement, laisse exploser sa joie sur les bancs de l’Assemblée nationale, ce fut lorsque les députés socialistes, profitant de l’absentéisme des députés de la majorité avaient réussi le coup de maître d’empêcher l’adoption d’un texte très contesté sur l’agriculture OGM. Avec des gestes d’écolier ayant réussi une sulfureuse blague de potache, Jean-Marc Ayrault célébra l’instant dans une posture qui trancha avec sa rigidité légendaire et son sérieux poussé à l’extrême. Le spectacle fut précieux à savourer. Une brise de hooliganisme souffla un instant sur le Palais Bourbon.
Jean-Marc Ayrault eu ses mots sans appel pour résumer la situation : «le gouvernement a été battu clairement, sèchement, sur un sujet qui préoccupe les Français. Quand on veut mépriser l’opposition, on finit par le payer, c’est ce qui vient de se passer ». Si cette crise parlementaire a révélé les malaises et le dysfonctionnement de la majorité présidentielle au Parlement au point de provoquer une crise ouverte entre l’UMP et l’Elysée, elle a par ailleurs mis en lumière la performance et la discipline d’un groupe parlementaire que mène avec beaucoup de panache et de professionnalisme, le maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault.
Malgré sa réélection triomphale à la tête de la mairie de Nantes, Jean-Marc Ayrault demeure un vrai rescapé de la politique. Il a été l’une des premières personnalités socialistes à oser se rallier à Ségolène Royal alors que celle-ci n’avait pas encore obtenu l’adhésion des autres éléphants qui croisaient leurs ivoires lors des primaires. Un coup de poker qui aurait pu tourner à la catastrophe et à la traversée du désert avec l’échec de la présidentielle dont on voyait très mal un représentant symbolique reconduit dans ses fonctions à la tête du groupe PS de l’Assemblée. Et pourtant, contre toute attente, c’est ce qui arriva à Jean-Marc Ayrault, révélant chez cette personnalité inconnue du grand public un discret savoir-faire manœuvrier ou un invisible ancrage politique.
Jean-Marc Ayrault cultive volontairement une discrétion de moine. A l’exception des interventions médiatiques où il est en service commandé au nom des parlementaires socialistes pour critiquer la gouvernance de Nicolas Sarkozy et de son Premier ministre François Fillon, il parvient rarement à capter les grands titres de l’actualité. Les deux seules fois où il en était le héros, récemment, c’est quand en pleine campagne des municipales, il fut accusé par ses concurrents de «ficher ses opposants notoires». Un polémique close à la hâte par l’aveu de Jean-Marc Ayrault d’avoir utilisé «une formulation maladroite». La seconde fois a eu lieu quand au lendemain des élections législatives au cours desquelles la vague bleue avait confirmé son emprise sur le pays, il prit l’initiative de lancer une «contre gouvernement» sur le style des «Shadow cabinets» fréquents dans la tradition anglo-saxonne, présidés par son auguste personne.
L’étoile de Jean-Marc Ayrault commence à scintiller de mille feus depuis que le parti socialiste est entré dans une Fiévreuse guerre de succession qu’ouvre le «départ» de François Hollande programmé en novembre prochain. N’étant candidat déclaré ni au poste de premier secrétaire ni à celui de candidat à la prochaine présidentielle, il peut camper un personnage incontournable difficile à ignorer pour tout ceux qui veulent relancer la machine socialiste et préparer l’alternance.
Jean-Marc Ayrault n’est pas, à proprement parler, doté d’un charisme qui éblouit les regards au premier coup d’œil. L’allure d’un sérère proviseur de lycée, la parfaite dégaine d’un notable de province, le verbe monotone d’une orthodoxie à faire pâlir les chantres d’une social démocratie les plus réformateurs, Jean-Marc Ayrault n’a pas encore réussi à sortir de son statut de gardiens du temple.
L’agenda politique de Nicolas Sarkozy le place au cœur du combat politique. Après la bataille des OGM, Jean-Marc Ayrault se trouve, avec son groupe, au cœur de celle de la réforme des institutions. Il s’apprête à monter les enchères comme il l’a fait savoir à François Fillon : «Les institutions, ce ne sont pas seulement des écrits mais aussi des actes (…) Nous attendons un engagement, sinon ne comptez pas sur nous pour vous servir de faire-valoir».

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