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Johannesburg : La part belle au nord

Les analystes étaient mardi d’accord sur un point : les grandes puissances ont fortement influencé le contenu du « plan d’action » de Johannesburg sur le développement durable. Et ce, sur les dossiers les plus sensibles discutés depuis une semaine, et qui ont abouti à des compromis entre les seuls pays du Nord, et plus précisément entre les Etats-Unis et l’Europe. Le changement climatique et le Protocole de Kyoto de 1197 en sont une belle illustration. Si le plan appelle les Etats à ratifier cet accord comme le souhaitait l’UE, il se garde de condamner officiellement la position américaine.
Au niveau du commerce et des subventions agricoles dénoncées par le Sud comme un obstacle à l’accès de ses produits aux marchés du Nord, le texte n’est pas plus audacieux. Il réaffirme l’engagement, déjà pris en 2000, de mettre progressivement un terme aux aides à l’agriculture, mais ne supprime pas ces subventions capitales pour les Etats-Unis comme l’UE. Sur le plan des énergies renouvelables, Washington, l’Australie et les pays de l’OPEP ont obtenu que ce dossier englobe les barrages hydroélectriques et certaines utilisations des énergies fossiles. Ce qui a poussé Bruxelles à lancer un appel à la « coalition » afin de défendre ses intérêts.
La commissaire européenne à l’environnement, Margot Wallstroem, a précisé mardi qu’il s’agissait de rassembler les pays développés et en développement déçus par l’absence de véritables engagements sur le développement de l’éolien et du solaire. Et donc de s’opposer au front formé par l’OPEP, qui défend son pétrole, et les Etats-Unis qui jugent irréalistes de fixer des objectifs chiffrés dans ces secteurs. Lundi, les pays s’étaient par contre engagés à réduire de moitié le nombre de personnes privées d’eau potable et de système d’assainissement d’ici 2015. Un accord avait aussi été trouvé sur la biodiversité, même s’il est loin d’être audacieux. Si le plan prévoit « une forte réduction » du nombre d’espèces menacées d’ici à 2015, sans identifier ces dernières ni interdire aux Etats de mener des projets de développement contre la biodiversité. Faibles également ont été les engagements pris sur le principe de bonne gouvernance. Axés sur la lutte contre la corruption et la promotion de l’état de droit, ils ne placent en rien ces objectifs comme des préalables à tout aide publique, et ne sont donc soumis à aucune pression. Un accord conforme au souhait américain.
Avant l’ouverture du Sommet, le 26 août dernier, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, avait pourtant mis en garde contre les graves conséquences d’une absence de résultats à Johannesburg. A la veille de sa fermeture, ce mercredi, ce second Sommet de la Terre semblait pourtant avoir pris – ou réaffirmé – des engagements sans échéancier précis, ni formule contraignante pour en garantir l’exécution. Une issue à laquelle beaucoup s’attendaient au vu de l’absence du président américain. Un vide qui aura au moins permis à l’Union européenne d’occuper le devant de la scène, à l’image de l’intervention théâtrale du président français lundi.
Au nom de la France, Jacques Chirac a mis en garde contre le risque de commettre « un crime de l’humanité contre la vie » et a invité les Etats, dont la « responsabilité collective est engagée », à conclure une « alliance mondiale » pour le développement durable. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », a-t-il lancé allant jusqu’à reprendre l’idée d’une taxe mondiale pour financer le développement, « un prélèvement de solidarité sur les richesses engendrées par la mondialisation ». Projet auquel les Etats-Unis sont totalement allergiques.

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