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Kabylie, une campagne de «mascarade»

En Kabylie, aucun signe de campagne électorale n’est visible, notamment dans les deux grandes villes que sont Tizi-Ouzou et Béjaïa. Et, durant ces deux dernières semaines, des groupes de manifestants berbères ont saisi des urnes électorales dans des bâtiments publics et les ont brûlées. Même chez les partisans de la tenue « coûte que coûte » des législatives, le moment est à la remise en cause. Les candidats qui se sont retirés se comptent dans les rangs du Rassemblement national démocratique (RND), du Front de libération nationale (FLN), du Rassemblement algérien (RA) comme chez les indépendants.
Depuis le début du lancement de la campagne électorale, la wilaya de Tizi-Ouzou enregistre le plus grand nombre de meetings annulés. Sur 88 programmés hors du chef-lieu de wilaya, 3 seulement ont pu se tenir depuis le 9 mai dernier. Le week-end dernier, 15 meetings ont été annulés par les candidats à la députation. A Béjaïa, aucun meeting ni conférence publique n’ont été animés par les partis en lice à travers tout le territoire de la wilaya. Quelques rares affiches du RND et du FLN seulement sont placardées dans des endroits isolés. Les deux formations politiques, seules à avoir rendu publiques leurs listes de candidats, ont eu en réalité tout le mal du monde à s’afficher devant une population qui, non seulement rejette ces deux partis, mais qui tient également à faire échec ce qu’elle continue d’appeler «une mascarade électorale».
Dans la wilaya de Bouira, la campagne électorale est passée presque inaperçue, dans l’indifférence la plus totale. Jusqu’à mardi dans la soirée, sur 270 meetings, moins de 60 ont été tenus, particulièrement dans les régions arabophones, alors que pour les régions berbérophones, sur les 48 conférences prévues, moins d’une dizaine ont eu lieu au niveau du chef-lieu de Bouira sans pour autant réussir à drainer la foule. Si pour certaines régions, les conférences des candidats ont connu une annulation automatique puisque leurs auteurs ne se sont même pas déplacés sur les lieux, à l’ouest de la wilaya, ce sont les communes les plus isolées qui sont ciblées par la campagne à défaut d’intérêt porté par les citoyens de ces trois centres urbains aux premières sorties des candidats.
La situation est telle que le président de l’Association citoyenne de Tizi Ouzou, créée par la présidence de la République, a émis des réserves sur le déroulement du scrutin du 30 mai. «On aurait aimé que ces élections soient reportées», a-t-il déclaré au quotidien algérien «Le Matin», qui souligne que le doute s’installe également chez les islamistes. Les élections du 30 mai, qui verront le renouvellement des 380 députés du Parlement, seront les secondes législatives algériennes depuis celles de janvier 1992, qui avaient été annulées par les autorités alors que le Front Islamique du Salut (FIS, dissous) était sur le point de les remporter. Le pouvoir algérien estime que ce scrutin «renforcera la stabilité des institutions du pays» après dix années d’insurrection islamiste provoquée par l’annulation des élections de janvier 1992. Depuis lors, plus de 100.000 personnes ont péri dans les violences politiques en Algérie. Estimant que les législatives du 30 mai seraient «un jour de la honte», des militants berbères s’étaient engagés, dimanche, à perturber ce scrutin dans la région de Kabylie, qui connaît de vives tensions. Les observateurs de la scène politique kabyle indiquent que ce mouvement de défection s’aggravera davantage du fait de l’intense travail de proximité mené par les animateurs du mouvement citoyen. Il faut dire que la situation ne se prête pas à l’organisation d’un quelconque scrutin en Kabylie. L’attentat à la bombe, qui a ciblé récemment la ville de Tazmalt, faisant cinq victimes, a relancé la contestation du mouvement citoyen. Des programmes d’activité tendant à empêcher le déroulement des élections sont affichés partout dans les villages de la haute et basse Kabylie.

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