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Kouchner, l’humanitaire, sort de ses gonds

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Une chose est certaine. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy traverse une séquence à la fois douloureuse et régénératrice. Depuis que les soldats israéliens ont attaqué la flottille humanitaire en direction de Gaza, faisant des morts et provoquant un des plus violents hauts le cœur de la communauté internationale, il est monté au créneau pour exprimer la postions de la France et tenter de dire une originalité différente de la simple condamnation traditionnelle des faits. Au risque de verser dans un cynisme bon marché, certains pourront arguer que cette crise tombe à pic pour Bernard Kouchner. Il était, depuis longtemps, plombé dans une inactivité et un anonymat pesant et frustrant pour un ministre qui doit son entière existence politique à ses coups de gueule médiatiques. L’appétit pour les affaires du monde du duo Jean-David Levitte, conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy et Jean-Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, a définitivement castré l’action de Bernard Kouchner. La situation de Bernard Kouchner fut si difficile à vivre qu’il avait lui-même «enragé» de travailler sous la tutelle du duo Levitte-Guéant. Ce malaise fut récemment accentué par la sortie très remarquée et pourtant si peu commentée du magazine «Marianne». Ce temple de l’anti-Sarkozy avait affiché sur sa couverture une interminable lettre ouverte à Bernard Kouchner avec ce titre à double sens «Casse-toi et vite», qu’on pourrait ré-intituler «Grandeurs et misères d’un grand humanitaire devenu un ministre inutile». Puis vint la crise de la flottille humanitaire au large de Gaza. Bernard Kouchner réapparaît. Un look de vieux beau fatigué par le poids des années, le souffle de plus en plus lourd, le regard de moins en moins étincelant, Bernard Kouchner était presque fidèle de la caricature qu’il donne de lui-même. La grande interrogation était de savoir comment un ancien ministre de gauche qui exprime régulièrement une grande sympathie pour Israël dans les sillages des excellentes relations que Nicolas Sarkozy, contrairement à Jacques Chirac, entretient avec ce pays, allait faire la synthèse entre un soutien indéfectible et une critique obligatoire. A lire le résultat, Bernard Kouchner ne s’en sort pas si mal. Acculé de savoir s’il ne minimisait pas la réalité des faits en se bornant à demander une enquête internationale et après avoir confondu «déclaration», et «résolution» du Conseil de sécurité, Bernard Kouchner sort presque de ses gonds avec cette pirouette: «Ne pensez pas que je réduise à peu de choses ce qui s’est passé.  Au contraire, je pense que c’est une très grave erreur, sinon une faute. Aussi bien pour l’idée qu’on a de l’humanitaire -même si l’humanitaire était discutable en cette occasion-, mais aussi pour l’idée qu’on a de la nécessaire poursuite du processus de paix». Signe que cette crise a fait passer à Israël un seuil supplémentaire dans son isolement international, des hommes comme Bernard Kouchner extrêmement contraints, par conviction ou par devoir, dans leur expression, et même s’il l’a fait à reculons, commencent à se prononcer sur cette «impunité» internationale qui encourage les actions les plus folles des Israéliens et l’hypothèse de la faire suivre par «des sanctions».

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