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La burqa divise les Français

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Le chiffre claque comme un énorme coup de fouet dans le désert. Seul un tiers des Français approuve la décision de Nicolas Sarkozy de recourir à une loi pour une interdiction générale de la burqa. Les deux autres tiers, c’est-à-dire l’écrasante majorité, restent profondément sceptiques ou passionnément hostiles à une telle démarche. Ce constat, confirmé par plusieurs sondages, indique deux leçons principales. La première est que les chiffres épousent, à la virgule près, la cote de popularité et de désamour qui plombe Nicolas Sarkozy dans l’opinion. La seconde est que, malgré une atmosphère islamophobe installée par le débat sur l’identité nationale, les fantasmes sur une islamisation rampante de la société française n’ont pas réussi à convaincre grand monde. Les détracteurs politiques de Nicolas Sarkozy ne cessent de dénoncer sa volonté de vouloir imposer dans l’agenda social et législatif une urgence qui n’en est pas une. Ils l’accusent ouvertement d’être motivé par une volonté politicienne de vouloir s’emparer des voix de l’extrême droite réputées très sensibles à ce genre de posture. Ils le soupçonnent de vouloir faire de l’insécurité et de la burqa, ses principaux arguments de vente pour séduire et reconquérir un électorat évanescent. Et parce que cette stratégie n’a pas l’air de fonctionner, réticences manifestes de l’opinion, grincements de dents audibles au sein de la majorité présidentielle, adhésion à reculons d’une partie du gouvernement, que la moindre affaire impliquant la burqa prend immédiatement l’ampleur d’un psychodrame national. Comme le montre cette affaire d’une femme verbalisée par un policier alors qu’elle conduisait en état de burqa, comme s’amusent à le dire les rédacteurs des mauvais jeux de mots. Un héros pour les uns, un danger public pour les autres, le policier qui a verbalisé cette femme a reçu le précieux et très opportun soutien de sa hiérarchie en la personne de Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, lorsque, après enquête, l’affaire de la conduite en burqa révèle une sulfureuse situation de polygamie doublée d’une escroquerie aux prestations sociales. Voici en tous les cas comment Brice Hortefeux présente ce que la presse appelle le polygame de Nantes : «né à Alger et ayant acquis la nationalité française par mariage en 1999, appartiendrait à la mouvance radicale du Tabligh et vivrait en situation de polygamie, avec quatre femmes dont il aurait eu douze enfants». Autant d’ingrédients pour relancer un débat. Cette affaire tombe vraiment à pic pour travailler sur les réticences et acculer les indécis. Brice Hortefeux utilise l’artillerie lourde pour que le message soit clair et audible. Il ne propose ni plus ni moins que de déchoir le polygame de sa nationalité française. Eric Besson, ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale lui apporte son soutien. En cas de décision de la justice prouvant la polygamie, il n’hésiterait pas à promulguer le décret de déchéances. L’affaire de la conductrice en niqab et du boucher polygame de Nantes a pris de grandes proportions. L’opposition par la voix du député maire de Nantes, JeanMarc Ayrault a crié à la manipulation. Cette situation était connue du ministre de l’Intérieur depuis longtemps. Pourquoi agir seulement maintenant ?

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