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La crise financière met à l’épreuve l’axe franco-allemand

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Le sort s’acharnerait-il sur la relation franco-allemande depuis que Nicolas Sarkozy est à l’Elysée ? La question a le mérite d’être posée depuis que les nombreux couacs et autres malentendus ont marqué cet axe si particulier et si vital pour l’Europe. Cette crise financière n’a fait que mettre en valeur une distorsion déjà ancienne entre le président de la République et la chancelière allemande. Tout avait commencé par un agacement de la chancelière relayé par les gazettes allemandes. Des bisous qui claquent trop bruyamment, une intimité excessivement exhibée, ont révélé la mauvaise humeur allemande confortée par des divergences politiques entre les deux capitales. Nicolas Sarkozy avait voulu innover dans son style de comportement pour sortir la relation franco-allemande de la posture dogmatique d’un François Mitterrand ou compassée d’un Jacques Chirac. Il fut vite l’objet de remarques désobligeantes dans la presse allemande d’un Monsieur sans gêne qui viole allégrement un protocole connu pour sa légendaire sécheresse.
De la gestion politique de consortium EADS, au projet européen du satellite Galiléo en passant par la libération des infirmières bulgares, le pouvoir allemand reprochait à Nicolas Sarkozy de vouloir trop tirer la couverture à lui seul sur des questions qui méritaient un partage des responsabilités et des honneurs. En quand, prenant la présidence de l’Union européenne, Nicolas Sarkozy a voulu lancer le grand chantier diplomatique de son quinquennat, à savoir la Maison méditerranéenne commune, le sang d’Angela Merkel n’a fait qu’un tour. D’une grande ambition qui fait rêver les plus désinvoltes, le réalisme allemand l’a transformée en une Union pour la Méditerranée tout juste apte à gérer les dossiers les plus consensuels comme la sécurité commune ou l’enjeu écologique. Nicolas Sarkozy dut ravaler son lyrisme le plus enchanteur pour se conformer aux fourches caudines allemandes.
Les divergences franco-allemandes, accumulées depuis longtemps, ont été brusquement relancées par la crise financière outre Atlantique qui s’abat sur l’Europe donnant lieu à un vrai mélodrame franco-allemand. La petite histoire retient que dès le début de la crise, la ministre de l’Economie française, Christine Lagarde, évoque, sans la nommer, dans la presse allemande la possibilité d’adopter un plan «Paulson» européen, un fonds européen de 300 milliards d’euros pour venir au secours des banques européennes, Angela Merkel était si opposée à cette solution qu’elle exigea de Nicolas Sarkozy de désavouer sa ministre de l’Economie comme condition incontournable pour assister au mini-sommet de l’Elysée que la presse avait baptisé G4.
Depuis, Nicolas Sarkozy nie avec vigueur avoir proposé la création de ce fonds européen. Il le fait avec des mots forts : «Je dis à nos amis de la presse allemande que jamais ni le Premier ministre ni moi-même n’avons parlé d’un fonds européen (…) Quant aux déclarations qui ont été prêtées à Mme Lagarde, je crains qu’on ait tiré un peu loin la logique de ce qu’elle disait». Le président français ne rate aucune occasion de souligner la convergence des vues entre la France et l’Allemagne. Comme à Evian, en marge de la première World Policy Conférence où il lançait aux journalistes que sa montre et celle de Angela Merkel marquaient «la même heure» ou lorsque, sur le perron de l’Elysée, il conseille de prendre la déclaration en allemand d’Angela Merkel, de la traduire en français pour savoir ce qu’il pense. 
Les retrouvailles entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel samedi dernier à Colombey-les-Deux-Églises sur les traces de Charles de Gaulle et Konrad Adenauer, qui avaient scellé la réconciliation franco-allemande voici 50 ans, étaient destinées à scénariser cette bonne entente retrouvée. Les grands symboles de l’histoire commune ont été mobilisés pour rien. Les deux responsables avaient tenu à souligner l’importance de l’entente franco-allemande. Nicolas Sarkozy d’abord qui estime que «L’Europe, bousculée par la crise (financière) sans précédent qui s’abat sur le monde, ne gardera son unité et ne sera capable d’agir que si la France et l’Allemagne travaillent ensemble dans la confiance la plus totale et dans l’amitié la plus sincère». Ce à quoi la chancelière allemande a répondu que la France et l’Allemagne étaient «sur une voie commune pour mettre en place une réaction concertée et cohérente de la zone euro à la crise financière».

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