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La France de Nicolas Sarkozy entend parler au monde en français

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Sans avoir l’air d’y toucher, c’est un gigantesque pavé que Nicolas Sarkozy vient de jeter dans la mare de l’audiovisuel extérieur français. Autant sur la télévision publique, l’idée de supprimer la publicité et de compenser les recettes publicitaires par d’autres financements était dans l’air depuis longtemps pour sortir le service public de sa dépendance du marché des annonceurs, autant la décision stratégique de ne parler au monde qu’en français sous-titré constitue un vrai tournant.
Les mots utilisés par Nicolas Sarkozy pour dérouler son projet furent d’une détermination et d’une clarté sans faille. Le projet présidentiel dans le domaine est de créer «le plus rapidement possible, en tout cas cette année un label France Monde, c’est-à-dire un holding, qui regrouperait les moyens de TV5, de France 24 et de RFI selon les modalités à débattre pour porter une présence de la France beaucoup plus massive que ce ne l’est aujourd’hui».
Jusque-là, Nicolas Sarkozy donnait dans le consensuel avant d’assener ce que beaucoup considéraient comme une vraie rupture dans le domaine: «Une chaîne publique, France Monde, qui garderait l’identité de chacun des participant, ne peut parler que français (…) Avec l’argent du contribuable, je ne suis pas disposé à diffuser une chaîne qui ne parle pas français». La solution immédiate selon , lui est donc le sous-titrage : «on peut parfaitement avoir un sous-titrage par région: espagnole arabe, anglais, pour porter une vision française (…) Entre Al Jazeera, vision arabe et CNN, vision anglo-saxonne, nous aimerions porter une vision française».
Tandis que le président de RFI, Antoine Schwarz évoque, dans la foulée de la sortie présidentielle, un possible regroupement d’intérêt commun avec la chaîne France 24 pour l’année 2008, cette dernière, qui diffuse en français, en anglais et en arabe, a mis du temps à réagir. Tant le choc fut rude. Elle vient de subir de plein fouet la nouvelle orientation présidentielle. Voulue par l’ancien président français Jacques Chirac, France 24 vient de fêter son premier anniversaire. Son président, Alain de Pouzilhak, avait fait de la langue arabe un axe stratégique de développement pour pouvoir exister auprès de géants du ciel satellitaire comme Al Jazzeera, Al Arabiya ou la future chaîne arabe de la BBC.
Même si le candidat Sarkozy avait promis lors da sa campagne électorale de veiller à rationnaliser les moyens d’action de l’audiovisuel extérieur français et avait confié à un de ses conseillers, Georges Marc Benamou, le soin d’élaborer une réflexion et de proposer des pistes, cette sortie présidentielle fut à l’origine d’une divergence immédiate au sein du gouvernement. Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a eu recours à une grande subtilité dans l’expression pour marquer sa réserve : «Le président de la république a donné son opinion très fortement. Il lui semble que concurrencer –c’est pas complètement le mien, mais je le donne avec loyauté- en anglais une chaîne d’information comme CNN et comme Al Jazeera ou comme BBC World lui paraît inutile. A moi, pas complètement». Avec une posture propre et des mots non dits, la ministre de la Culture et de la Communication Christine Albanel laisse transparaitre la même retenue lorsqu’elle affirme que le débat n’était pas «tranché» tout en concédant que «c’est vrai que le président pense que c’est en français qu’on porte le mieux la culture française».
Au delà de la guerre des corporatismes et des réseaux qui fait rage en ce moment, ce débat révèle qu’en France existent deux écoles des pensées pour s’adresser au monde. La première, adoptée par Nicolas Sarkozy, consiste à privilégier le choix exclusif de la langue française pour diffuser un contenu français, la seconde, plus anglo-saxonne, consiste à choisir la langue de la cible, auditeurs et téléspectateurs pour diffuser le message français. Pour réussir, la première nécessite une agressive et efficace politique de la francophonie, la seconde des ressources humaines et matériels à la hauteur des mastodontes qui dominent le marché mondial de l’information.

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