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La France ouvre la route de Damas

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De nombreux diplomates et journalistes donneraient assez cher pour savoir ce que le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant, chaperonné par le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy Jean-David Levitte, murmurait à l’oreille du président syrien Bachar Al Assad. Il s’agissait des premiers entretiens politiques publics entre les deux pays depuis que le président français avait décidé de reprendre langue avec les autorités syriennes. Décision spectaculairement annoncée lors de son récent voyage éclair à Beyrouth.
Aucun secret de cet entretien de la prestigieuse délégation française avec le maître de Damas n’a été révélé. La communication sur le sujet est resté lisse et sans reliefs. Histoire sans doute de ne pas provoquer l’hostilité de certaines parties qui voient d’un très mauvais œil ce rapprochement entre Paris et Damas. Après l’avoir jugé «utile» et «constructif», un communiqué de l’Elysée reprend l’agenda politique de cette rencontre : «Les deux parties ont évoqué les relations bilatérales, la situation au Proche-Orient, en particulier le Liban et le volet israélo-syrien du processus de paix, ainsi que le projet d’Union pour la Méditerranée».
Il est aisé d’imaginer qu’un des objectifs essentiels de cette visite, outre d’instaurer un climat de réconciliation entre deux pays qui se regardaient en chiens de faïence depuis l’assassinat de Rafic Hariri, est celui de discuter des modalités politiques et protocolaires de la visite du président syrien à Paris le 13 juillet pour assister au sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM) et son éventuelle participation aux festivités du 14 Juillet, la Fête nationale française. Avec bien entendu l’examen minutieux du tribunal international chargé d’arrêter et de juger les assassins de l’ancien Premier ministre libanais et les garanties françaises que ce tribunal sera loin d’être une machine de guerre pour changer le régime syrien comme certains partenaires libanais le souhaitent ouvertement.
Depuis le lancement de cette invitation à Bachar Al Assad et devant le tollé général que cela avait provoqué, Nicolas Sarkozy n’a cessé de tenter de la justifier et de l’argumenter. Ce fut encore le cas lors de la visite de courtoisie et d’adieux que le président américain Georges Bush avait effectué à Paris, fin de la semaine dernière : «A ma connaissance, la Syrie fait partie des pays méditerranéens et si on commence, quand on fait le tour de la Méditerranée, à n’inviter que ceux qui correspondent aux critères qui sont exactement les nôtres, on risque de faire une réunion où il y a peu de monde», avait assené un Nicolas Sarkozy presque agacé de devoir expliquer des évidences de géostratégie.
Au cours de ce moment franco-américain d’une grande symbolique, Nicolas Sarkozy avait fait une concession sémantique à George Bush et un vœu pieux en direction des Syriens : «Que la Syrie se désolidarise le plus possible de l’Iran dans sa quête pour avoir une arme nucléaire. A partir de ce moment-là, le processus se poursuivra».
Cette invitation à rompre leur alliance stratégique avec les Iraniens avait trouvé un écho amusé et incrédule auprès de la classe politique syrienne. Lorsqu’ils sont invités à commenter cette demande française, les proches du pourvoir syrien rappellent volontiers que chaque pays est libre de choisir ses alliances et ses amis en fonction de ses propres intérêts nationaux.
Pour Bachar Al Assad, les assauts de séduction répétés, lancés par Paris sont une bonne occasion de sortir la Syrie du statut de pestiféré infréquentable dans lequel la guerre américaine contre l’Irak voisin l’a hermétiquement verrouillée. Son ouverture vers Paris et sa disponibilité à faciliter la construction de l’Union pour la Méditerranée sont autant d’indices pour bien signifier avec plus au mois d’éclats l’échec de l’entreprise américaine et créer les conditions politiques pour que le prochain locataire de la Maison-Blanche ait des reflexes moins Hostiles à l’égard du régime syrien.
Le flirt avec la Syrie est suffisamment pimenté pour pousser certains à imaginer et à demander une rencontre sous forme d’une photo entre Bachar Al Assad et le Premier ministre israélien Ehud Olmert au bord de la Seine en marge du sommet de la Méditerranée.
Les deux hommes sont engagés depuis des semaines, sous parapluie turc, dans des négociations de paix publiquement secrètes. Une autre carte utilisée par Bachar Al Assad pour briser son isolement.   

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