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La guerre dans six semaines

Une guerre en Irak est imminente et les Etats-Unis sont en mesure de contrôler la situation dans ce pays au bout d’un mois, a affirmé Richard Perle, un influent conseiller du secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld : «Mon sentiment, c’est que la guerre va commencer prochainement et les Etats-Unis seraient en mesure d’avoir la situation en main en l’espace de 30 jours».
Il a soutenu que, «juridiquement, Washington n’a pas besoin d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité pour recourir à la force contre Baghdad». A propos d’un possible veto de la France contre la guerre, Perle a estimé qu’il n’y aura pas un tel veto: «Les Français savent que s’ils usent du droit de veto, nous les ignorerons. Ils savent aussi que Saddam Hussein ne vaincra pas. Alors quel intérêt auront-ils à s’attirer l’animosité d’un vainqueur pour faire plaisir à un vaincu ?».
Selon lui, des changements doivent intervenir en Iran, en Syrie et en Libye. «Il y a un besoin de changement dans ces trois pays ainsi que dans d’autres Etats», a-t-il dit avant d’affirmer qu’«aucun pays arabe ne s’oppose à notre politique» et répété que Washington voudrait promouvoir la démocratie dans la région pour que «les Arabes soient en mesure d’élire leurs gouvernements et leur demander des comptes».
La conseillère du président américain, Condoleezza Rice a affirmé de son côté que l’armée américaine contrôlera l’Irak pendant «un certain temps» après sa «libération» de Saddam Hussein : «Nous pensons que lorsque l’Irak sera libéré de ce terrible régime, le peuple irakien sera parfaitement capable de diriger ses affaires, mais il y aura un certain moment, surtout pendant le déroulement des opérations militaires, au cours duquel nous aurons besoin que l’ordre soit établi, et les forces militaires américaines joueront un rôle de premier plan dans cela», a dit Mme Rice.
Réagissant à la crise irakienne, l’ancien Premier ministre français, Raymond Barre constate qu’un «grand pays est en train de mettre en oeuvre des moyens puissants, écrasants, pour venir à bout d’un autre pays dont on ne voit pas de façon précise ce qu’on lui reproche». Saddam Hussein «n’a plus les moyens de nuire gravement à ses voisins. Il a été sévèrement battu en 1991. Il y a d’autres délinquants, à travers le monde, dont on pourra s’occuper en priorité». La mégalomanie nucléaire de la Corée du Nord ou la menace islamiste au Pakistan, puissance nucléaire aussi, sont au moins aussi dangereux».
Pourquoi l’Irak ? «Les Etats-Unis veulent se constituer au coeur du Moyen-Orient une base solide dont ils auront le complet contrôle. L’Arabie saoudite n’est plus pour eux l’alliée et l’amie fidèle de jadis. On ne sait pas ce qui peut s’y passer». L’Irak, qui est, selon Barre, «l’élément le plus stable qui leur permettra de rayonner sur l’ensemble de la région». C’est l’Irak, sa population relativement instruite, sa position géographique, qui est une cible, et non pas Saddam Hussein. Les stratèges de Washington estiment qu’un régime démocratique, installé de force à Baghdad, aurait force d’exemple pour la région. Ils rêvent et dangereusement. Telle est la leçon de Raymond Barre. Mais, les Etats-Unis ne sont pas guidés simplement par des considérations civilisationnelles. La guerre qu’ils ont programmée vise à garantir un pétrole bon marché. Baghdad produit 2,5 millions de barils par jour, soit 11 % de la production mondiale. Les Américains disent que changer le régime irakien « cela veut dire que l’on pourra augmenter la production mondiale de 3 à 5 millions de barils de pétrole ».
Cette augmentation ferait baisser le prix du baril de 5 à 7 dollars environ. Les Saoudiens essaieront de protéger leur marché en forant plus, les prix chuteront même davantage. Les économistes américains évalue qu’une diminution de 10 dollars par baril entraînera une hausse annuelle de la croissance américaine. Alors qu’ils produisent 5 % du pétrole mondial, les Américains en consomment 25 %. Ils ont également intérêt à diversifier leurs sources d’approvisionnement. On saisit, dans ces conditions, quel retour sur investissement généreraient les quelques milliards placés dans la guerre contre Saddam Hussein. Un régime irakien inféodé signifie une augmentation annuelle de 50 à 75 milliards de dollars pour l’activité économique américaine.

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