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La majorité présidentielle accroche ses malheurs sur le dos des médias

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Voici un des tournants les plus importants, les plus sournois du quinquennat et dont les chroniqueurs soupèsent avec surprise l’épaisseur : Dorénavant, il ne se passe pas un jour sans que l’équipe de Sarkozy fustige, avec une automaticité de tirs fournis, les médias, accusés d’être à l’origine de tous les maux de la gouvernance Sarkozy. Si, dit cette nouvelle logique de communication présidentielle, l’ambiance est à la morosité, si le climat de confiance se détériore entre gouvernants et gouvernés, si le moral des Français est au niveau de leurs chaussettes, c’est la faute première aux médias. Ces grands oiseaux de mauvais augure, au lieu de mettre en valeur ce qui marche, soulignent avec délectation les blocages, les contradictions et autres caprices folkloriques du mandat de Sarkozy. La meilleure incarnation de cette nouvelle stratégie est le porte-parole de l’UMP, le très délicat Frédéric Lefébvre qui ne rate plus aucun micro pour s’en prendre à ce «monde politico-médiatique» qui veut «déstabiliser le président de la République». Pour parvenir à cette conclusion, les communicateurs de l’Elysée ont dû faire ce  constat: Comment se fait-il qu’avec une opposition presque à terre, des syndicats anesthésiés et aphones, les multiples démarches présidentielles puissent être si mal accueillies par l’opinion au risque d’installer souvent une atmosphère de rupture ? L’erreur doit provenir  que des médias chargés de les vendre et qui doivent être infiltrés et manipulés par les mauvais esprits. Et c’est encore Frédéric Lefébvre qui donne corps à cette charge. Selon lui, pour se substituer à une «opposition qui, dans ce pays, ne fait plus son travail», les grands médias n’auraient qu’une obsession, trouver «chaque matin, le sujet pour essayer de déstabiliser le président de la République».  Cette accusation est d’autant plus injuste que Sarkozy est connu pour entretenir les liaisons les plus intimes avec les plus grands groupes de presse comme Lagardère qui possède la station de radio «Europe 1», le mensuel «Paris Match» et l’hebdomadaire «Le journal du dimanche» ou encore Bouygues qui possède, entre autres,  la chaîne de télévision TF1 ou encore le groupe Bolloré très actif dans le monde des médias et de la communication. Cette intimité de Sarkozy avec les puissants capitaines de l’industrie médiatique lui a longtemps été reprochée par ses détracteurs qui y avaient décelé une tendance soviétique à verrouiller sa communication. Sarkozy était si sûr de sa démarche qu’il ne cachait même pas les liens privilégiés qu’il entretenait avec ces grands faiseurs d’opinion. Et c’est cette contradiction qui avait été pointée par Ségolène Royal lorsqu’elle a été invitée à commenter la nouvelle stratégie de l’Elysée : «Sarkozy contrôle pas mal de médias (…) C’est quand même paradoxal que les médias qu’ils contrôlent montent des complots contre lui». Un diagnostic prudent, loin d’être partagé par le secrétaire national du PS chargé des médias Patrick Bloche pour qui le constat est lapidaire : «l’hyper-président hyper-communiquant voit aujourd’hui sa communication lui échapper». Le choix de  Sarkozy de cibler les médias et leur faire porter le chapeau de ses malheurs est à double tranchant. Il peut certes exercer une pression supplémentaire sur la hiérarchie éditoriale, elle-même tenue par des grands groupes industriels et financiers amis, qui réfléchirait à deux fois avant de traiter un sujet ou d’adopter une posture susceptible de fâcher le château. Mais il peut aussi avoir comme conséquence fâcheuse pour Sarkozy de libérer la parole contre son action. Critiquer Sarkozy deviendrait un signe de courage, d’indépendance et … de résistance. Ce qui peut creuser davantage son divorce avec l’opinion. Un fait qui serait très malvenu et inopportun à un moment crucial où le président de la République se prépare à reconstruire le lien de confiance avec les Français dont il a tant besoin pour solliciter une reconduction de bail.

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