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La paix en ruines

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L’actuel président du Conseil législatif palestinien, Ahmed Koreiâ a accepté en principe de servir en tant que Premier ministre, en remplacement de Mahmoud Abbas qui vient de présenter sa démission, sans toutefois donner une réponse définitive. Pressenti par Yasser Arafat pour siéger au poste de Premier ministre, le président du Parlement palestinien a, en effet, conditionné la mission que lui a confiée par le chef de l’Autorité palestinienne au soutien des Etats-Unis et de l’Union Européenne des manoeuvres visant à instaurer la paix. Âgé de 65 ans et connu sous le nom d’Abou Âlaa, Ahmed Koreiâ avait déclaré qu’il était fondamental de déterminer les chances d’une paix réelle avec les Israéliens, avant qu’il puisse accepter la responsabilité de chef de gouvernement. « Je ne suis pas encore Premier ministre. Je veux voir avec les Américains quels types de garanties ils donneront (…) Je veux également voir l’Europe, quels types de garanties et de soutien elle apportera. Je ne suis pas prêt à courir à l’échec. Je veux voir si la paix est possible ou non », a souligné le futur Premier ministre, appréhendant à leur juste valeur les difficultés qui l’attendent. Du côté d’Israël, l’on ne sait pas encore si ce nouveau Premier ministre fera figure ou non d’interlocuteur « convenable » de la part d’un État hébreu de plus en plus capricieux. En effet, les dirigeants israéliens ne cessaient, ces derniers temps, de marteler à qui voulait bien les entendre qu’ils ne négocieraient pas avec un nouveau gouvernement contrôlé ou choisi par Arafat. Israël n’a pour l’heure fait aucun commentaire officiel sur la désignation de Koreiâ, tandis que dans les coulisses, des responsables israéliens auraient manifesté leur préférence pour le ministre des Finances, Salam Fayad. Cependant, jouissant d’une réputation de modéré et d’artisan des accords d’Oslo en 1993, Ahmed Koreiâ fait indéniablement office d’interlocuteur acceptable pour les Etats-Unis et susceptible de contribuer à sauver un plan de paix en pleine dérive. L’homme est par ailleurs cofondateur du Fatah, la formation d’Arafat au sein de l’Organisation de Libération de la Palestine. Il siège au Comité central de l’OLP qui détermine la politique de l’Autorité palestinienne et désigne son Premier ministre. Ahmed Koreiâ succède ainsi à Mahmoud Abbas, qui était soutenu par les États-Unis et Israël. Une démission qui intervient suite à la combinaison de plusieurs facteurs. Entre autres, le refus de Yasser Arafat de lui céder les rênes des instances de sécurité et en raison des incitations « dangereuses » formulées contre lui par des activistes palestiniens. Mais la plus grande part de responsabilité incombe manifestement à Israël qui, à aucun moment, n’a cessé de verser de l’huile sur le feu. Ainsi, Mahmoud Abbas a sévèrement accusé Israël de ne pas avoir remplit ses obligations dans le cadre de la « feuille de route », notamment en mettant fin aux incursions, à l’extension des colonies et aux barrages routiers en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, sans parler de la série d’assassinats d’activistes, perpétrés à l’aide de gros moyens et semant la mort par dizaines. Abbas a également reproché aux Etats-Unis de ne pas avoir fait pression sur l’État hébreu pour lui faire respecter ses engagements. Par ailleurs, la démission d’Abou Mazen a fait la « Une » de la presse européenne, qui estime que cette démission sonne le glas de la « feuille de route » et risque de précipiter le Proche-Orient dans la tourmente, insistant sur la responsabilité américaine dans l’échec du plan de paix. George Bush a unanimement été montré du doigt par les différents supports, le qualifiant de parrain indigent d’une politique qui le dépasse, « écartant Yasser Arafat d’une main ferme, et contribuant, de l’autre, par son indulgence pour Israël, à le remettre en selle. » Beaucoup de journaux européens ont souligné « l’indifférence coupable » des États-Unis, estimant que cette crise prouve une nouvelle fois le caractère incontournable de Yasser Arafat. « Une paix possible, stable, ne peut être obtenue que si Arafat la négocie avec Sharon. N’importe qui d’autre subirait le même sort qu’Abou Mazen. Quelle que soit la personne indiquée par Israël ou par Bush, elle passerait pour un traître », écrit le journal italien La Stampa.

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