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La Syrie ravagée par un an et demi de conflit

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Les violences s’intensifiaient en Syrie avec un raid sanglant mercredi sur Alep et une attaque rebelle contre un aéroport militaire dans l’Est du pays, le médiateur Lakhdar Brahimi jugeant «ahurissant» le nombre de victimes dans ce pays ravagé par un an et demi de conflit.
La crise entre le 15 septembre dans son 18e mois sans aucune perspective de règlement, le régime restant déterminé à écraser la rébellion et celle-ci réclamant le départ du président Bachar al-Assad, sur fond de divisions internationales entre Russes, alliés du pouvoir, et Occidentaux.
Dans son premier discours mardi devant l’Assemblée générale de l’ONU, depuis le début officiel samedi de sa mission, M. Brahimi a annoncé des visites «dans les prochains jours» au Caire et à Damas pour sonder la Ligue arabe et les autorités syriennes sur leurs intentions et jeter les bases de sa mission.
Pendant ce temps, les civils continuent de payer le prix fort de cette guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts, poussé à l’exode des centaines de milliers de Syriens et dévasté le pays.
Encore mercredi, vingt-sept personnes, 21 civils et six rebelles, ont péri dans les combats sur de nombreux fronts entre rebelles et soldats et dans les bombardements de l’armée de l’air qui a la maîtrise du ciel.
A Alep, deuxième ville du pays et verrou stratégique dans le Nord, 19 personnes, dont sept enfants, ont péri dans des bombardements sur des quartiers rebelles, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) qui s’appuie sur un large réseau de militants sur place.
Les rebelles qui ont ouvert ce front le 20 juillet y opposent une résistance farouche aux loyalistes qui cherchent à prendre le contrôle de la ville en assiégeant plusieurs quartiers qui manquent cruellement de produits de premières nécessité, selon des militants.
Dans l’Est, des combats acharnés se déroulaient dans un aéroport militaire de la ville de Boukamal. Les rebelles qui ont perdu six hommes «contrôlent de grandes parties de l’aéroport», a affirmé à l’AFP, Rami Abdel Rahmane.
Faiblement équipés face à la puissance de feu de l’armée, les insurgés avaient lancé l’attaque le 1er septembre, après s’être emparés d’un important bâtiment de la défense aérienne où sont stockés des missiles anti-aériens à Boukamal, ville frontalière de l’Irak.
Depuis plusieurs jours, les rebelles concentrent leurs attaques contre les aéroports militaires, affirmant avoir détruit une dizaine d’hélicoptères et d’avions de l’armée de l’air dont les bombardements font, chaque jour, des dizaines de morts.
Dans le centre du pays, des quartiers de Homs étaient soumis à de violents bombardements aux obus, selon l’OSDH.
De même, plusieurs localités de la province de Damas étaient la cible de pilonnage. Le quartier Tadamoun, en proie à de violents affrontements entre rebelles et soldats, était également bombardé et des colonnes de fumée étaient visibles, selon des militants.

«Le bilan des pertes humaines est ahurissant, les destructions atteignent des proportions catastrophiques et la souffrance de la population est immense», a lancé M. Brahimi devant l’Assemblée générale.

La situation «n’a cessé de se dégrader», a-t-il dit jugeant «indispensable» le «soutien de la communauté internationale» à condition «que tous les efforts aillent dans la même direction».
«L’avenir de la Syrie sera déterminé par son peuple et par personne d’autre», a dit M. Brahimi qui n’a pas voulu se prononcer sur un départ de M. Al Assad depuis sa nomination comme médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe pour remplacer Kofi Annan.
Le chef de l’ONU Ban Ki-moon, a, lui, critiqué les pays qui fournissent des armes aux belligérants et lancé un appel à la solidarité internationale pour financer l’aide humanitaire. «La situation humanitaire est grave et se dégrade, à la fois en Syrie et dans les pays voisins affectés par la crise».
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, plus de 100.000 Syriens se sont réfugiés dans les pays voisins en août, «le chiffre mensuel le plus élevé depuis le début du conflit» en mars 2011. Au total, quelque 235.000 Syriens ont fui la Syrie et 1,2 million ont été déplacés dans le pays.
Selon l’OSDH, plus de 26.000 personnes ont péri depuis le début de la révolte déclenchée par une contestation populaire pacifique qui s’est militarisée au fil des mois face à la répression menée par le régime.
Mais même si les groupes rebelles, formés de déserteurs et de civils ayant pris les armes, sont rassemblés en théorie sous l’égide de l’Armée syrienne libre (ASL), la structure de cette instance reste floue et n’est pas dotée d’un commandement central fort.
Les généraux de l’ASL à l’extérieur et à l’intérieur du pays peinent à coordonner avec la multitude de groupuscules qui ont proliféré en Syrie avec la militarisation de la révolte.
Enfin, le chef du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Peter Maurer poursuivait sa mission en Syrie après avoir rencontré mardi à Damas M. Assad qui l’a assuré de son soutien aux «opérations humanitaires tant qu’elles restaient indépendantes et impartiales».
M. Maurer a en outre visité un dispensaire et un hô pital du quartier Qaboun à Damas, et une école accueillant des réfugiés à Maadamiyat al-Cham dans la région de Damas, selon la porte-parole du CICR.

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