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La Turquie met la France en garde sur son adhésion

La Turquie avertit la France que le maintien de l’opposition de Paris à son adhésion pleine et entière à l’Union européenne risque de faire dérailler le processus de réformes démocratiques. Le conseil d’association entre l’Union européenne et la Turquie a pu avoir lieu mardi après que la France a renoncé à supprimer des documents préparatoires à la réunion la référence à l’adhésion afin d’éviter une crise avec Ankara.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Ali Babacan, avait menacé de boycotter la rencontre avec son homologue slovène Dimitrij Rupel, dont le pays préside actuellement l’UE, et le commissaire à l’Elargissement, Olli Rehn, si cet objectif n’y figurait pas en toutes lettres.
Le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, s’est expliqué lundi devant quelques journalistes de ce changement d’attitude, la France s’étant jusqu’à présent opposée avec succès – et souvent de haute lutte – à la mention de l’objectif final de l’adhésion. «Nous ne faisons pas de liturgie dans les documents», a-t-il déclaré en ne cachant pas que la proximité de la présidence française de l’UE, au second semestre de 2008, obligeait Paris à une attitude «impartiale, équitable et équilibrée». Pour autant, a-t-il ajouté, la position de fond de la France n’a pas changé: Nicolas Sarkozy maintient que la Turquie n’a «pas sa place en Europe» et qu’il s’opposera à l’ouverture de chapitres de la négociation entamée en 2005 qui mènent à l’adhésion, comme l’Union économique et monétaire. Paris est d’accord pour poursuivre les pourparlers sur des dossiers qui pourraient faire de la Turquie un partenaire privilégié de l’UE, mais pas un membre à part entière.
Cette attitude a le don d’irriter les responsables turcs et de nombreux pays européens alliés à la Turquie. «Il y a des chapitres dont l’ouverture est bloquée», a dit Babacan lors d’une conférence de presse, en visant implicitement mais très clairement la France. «Ces chapitres ne sont pas ouverts en raison des inquiétudes d’un Etat membre».
La position française n’est pas sans conséquence sur les réformes économiques et politiques exigées par l’Union. La position française risque d’être d’autant plus inconfortable pendant son semestre de présidence que ses partenaires européens appuient pour la plupart Ankara. «La Turquie est l’un des principaux alliés et partenaires de l’Union européenne», a estimé Dimitrij Rupel en louant les progrès réalisés et le rôle de médiateur joué par ce pays entre la Syrie et Israël dans les négociations de paix. «J’espère que ce processus d’adhésion se terminera rapidement.»
Six chapitres sur les 35 que compte la négociation ont été ouverts, le pays est considéré comme une démocratie et l’UE est aux côtés du Premier ministre turc Tayyip Erdogan, qui s’inquiète de la possible dissolution de son parti au pouvoir, l’AKP, accusé par le procureur en chef de la Cour constitutionnelle de Turquie de menées anti-laïques. Des progrès doivent encore être réalisés, notamment dans la mise en oeuvre de la réforme de l’article 301 du code pénal qui limite la liberté d’expression, mais les avancées sont saluées. De même, les Européens espèrent que la Turquie apportera son soutien à une solution négociée pour mettre fin à la partition de Chypre, qui, si elle est couronnée de succès, permettrait d’ouvrir huit nouveaux chapitres de la négociation.

• Yves Clarisse (Reuters)

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