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La valse des promesses économiques

Les socialistes espagnols au pouvoir et leurs rivaux conservateurs rivalisent de promesses sonnantes et trébuchantes avant les législatives de dimanche, pour séduire au portefeuille des électeurs de plus en plus inquiets face au ralentissement économique.
C’est qu’après 16 ans d’une exceptionnelle expansion économique, (3,8% de croissance en 2007) la situation se dégrade lentement depuis l’automne 2007 sous l’effet de la fin du boom de la construction et du contexte mondial. Croissance ralentie, hausse du chômage et de l’inflation: l’économie s’est brusquement hissée au premier rang des préoccupations d’Espagnols surendettés.
«Les données les plus récentes montrent un ralentissement un peu plus prononcé de l’activité début 2008», a en outre averti la Banque d’Espagne la semaine dernière. De quoi donner du grain à moudre aux conservateurs du Parti Populaire (PP) qui accusent le gouvernement de n’avoir «rien fait» pour prévenir ce coup de frein et de pratiquer «la politique de l’autruche». Le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero se défend en assurant que la tempête «ne durera pas» et que l’Espagne y est «mieux préparée» que tout autre pays européen, grâce à sa saine gestion. Les deux grands partis se rejoignent sur un point: une débauche de promesses gagées sur le même pactole: près de 65 milliards d’euros accumulés depuis 2004 sous forme d’excédent budgétaire et d’excédent de la Sécurité sociale, et une dette publique historiquement basse, à 36,2% du PIB. «Nous avons épargné 13 points de PIB en dette, soit 130 milliards d’euros», rappelle le ministre de l’Economie, Pedro Solbes. «Cela donne des marges de manoeuvre» pour aider les ménages à boucler leurs fins de mois. Alors, le bal des promesses est ouvert. Et même si Pedro Solbes assure que gauche et droite «ne veulent pas utiliser les fruits de la croissance de la même manière», certains thèmes sont récurrents. Quand le PSOE prévoit de restituer 400 euros d’impôt sur le revenu à tous les contribuables pendant la prochaine législature, le PP promet lui d’exonérer tous ceux qui gagnent moins de 16.000 euros par an. Les deux partis ont promis la mort à l’impôt sur la fortune. La droite y ajoute celle de l’impôt sur les successions. Le budget de l’Etat n’est pas le seul mis à contribution. Celui de la Sécurité sociale aussi, en pleine santé financière grâce à la hausse importante du nombre de cotisants, notamment après la régularisation de quelque 600.000 travailleurs immigrés en 2006. Le PP promet d’augmenter dès cette année de 150 euros les minimum retraites pour les plus de 65 ans. Le PSOE s’engage «à augmenter d’au moins 26% la pension minimale de retraite avec conjoint à charge», soit de 658 euros à 850 en 2012. Les socialistes, qui ont déjà fait passer le salaire minimum de 460 à 600, entendent l’augmenter à 800 euros d’ici à 2012. La droite, prudente, promet «de pousser à l’amélioration du salaire minimum interprofessionnel» dans le cadre du dialogue social. Pension de veuvage, travail des femmes, places de crèches: les deux grands partis de gouvernement jouent au Père Noël. Ils promettent aussi de créer des millions d’emplois: 2 pour le PSOE et 2,2 pour le PP, alors que le chômage est légèrement reparti à la hausse en 2007, à 8,6% de la population active (contre 11,5% en 2004). Le commissaire européen à l’Economie, l’Espagnol Joaquin Almunia, s’est récemment ému de cette surenchère. Il a appelé «les deux partis à la modération», afin de «ne pas détruire un des excédents budgétaires les plus importants de la zone euro».

• Fabien Zamora (AFP)

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