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L’appel de Nicolas Sarkozy à Jacques Chirac

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Qu’un simple déjeuner, dans un restaurant asiatique des Champs Elysées, entre Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac puisse encore provoquer autant d’éditoriaux et de chroniques politiques est déjà en soi une grande performance. Elle pousse à choisir entre deux hypothèses : ou la relation entre les deux hommes, que le temps a irrémédiablement fini par pacifier, continue malgré tout de susciter cette grande curiosité de l’assemblage de deux caractères bien trempés qui se sont durement affrontés avant de se trouver. Ou les nostalgiques d’hier fantasment à voix haute sur les délicieux souvenirs de ce passé encore frais dans les mémoires et espèrent que les conseils d’un grand sage puissent encore leur éviter les incertitudes de demain. Tout a été disséqué dans cette rencontre entre Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, jusqu’au plat préféré du président de la République comme l’ont révélé à la presse les maîtres de ces lieux hautement gastronomiques : «Monsieur Sarkozy a mangé les crevettes Sarko. Ce sont des crevettes sautées, avec de la sauce tomate et légèrement pimentée». Rien, au contraire, n’a filtré de leur entretien politique. Et pour cause. La communication officielle est restée au stade de vendre une idée inoffensive de ce déjeuner. Celle de deux hommes qui se sont jadis admirés, détestés puis oubliés avant de se retrouver pour s’échanger des idées et des conseils sur l’air du temps.
Sauf que pour comprendre l’importance d’une telle rencontre, il faut la placer dans son contexte politique dans lequel, à première vue, l’actuel président peine à retrouver la confiance des Français tandis que l’ancien jouit d’une notoriété et d’une réputation à la limite de la provocation. Jacques Chirac est, selon un sondage Ifop que publie «Paris Match» ce jeudi, la personnalité politique préférée des Français. Mais s’il est certain que Nicolas Sarkozy a tout à gagner à afficher son entente cordiale avec l’homme politique à qui les Français accordent une grande estime teintée de nostalgie, l’actuel président a surtout besoin des conseils et de l’aide de l’ancien locataire de l’Elysée sur deux points essentiels. Le premier : Nicolas Sarkozy se trouve actuellement dans une phase où pour espérer reconduire son bail, il lui faut de manière impérative rassembler sa propre famille politique. Les haines personnelles, les règlements de comptes, les sirènes de l’ouverture politique ont provoqué d’énormes dégâts dans les rangs de villepinistes, des chiraquiens et de centristes… Au point de les transformer en opposition frontale à Nicolas Sarkozy. Dominique de Villepin s’apprête à lancer ce 19 juin son parti politique dont il est prévu qu’il en fasse un redoutable instrument de combat. Entre-temps, les deux hommes, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac, auront célébré chacun à sa manière l’appel du 18 juin lancé par le Général de Gaulle. Le second point est moins apparent et a trait au dictat du calendrier politique. En même temps que Nicolas Sarkozy est occupé à repenser l’unité de sa propre famille politique, il est occupé aussi à penser la formation d’un gouvernement de combat, celui qui, logiquement, doit voir le jour aux alentours de septembre prochain et fermer définitivement la longue parenthèse François Fillon. Sur un point aussi sensible, entendre le point de vue d’un aîné connu pour sa passion de l’équilibrisme et du dosage n’est pas inutile.

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