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Le CNI aurait manipulé le gouvernement d’Aznar

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Que s’était-il réellement passé dans les coulisses du gouvernement espagnol, jeudi 11 mars, quelques heures après les attentats terroristes perpétrés à Madrid et durant les trois jours suivants ? Accusés d’avoir occulté des informations sur les véritables responsables de ces attaques terroristes, les responsables Populaires du gouvernement sortant dirigé par José Maria Aznar ont payé cher en perdant les élections du 14 mars, alors qu’ils était donnés favoris par tous les sondages. Ils s’apprêtaient déjà à former un nouveau gouvernement dirigé par le successeur d’Aznar, Mariano Rajoy.
Toutefois, les Populaires ont décidé de passer à l’offensive en mettant à la disposition de l’opinion publique espagnole toutes les preuves démontrant qu’ils n’avaient acculement manipulé les informations sur les responsables du massacre de Madrid et qu’ils s’étaient basés sur les arrow-roots des services de sécurité, pour affirmer que la piste privilégiée était celle de l’ETA. Ainsi, jeudi, une semaine jour pour jour après les attentats, le gouvernement espagnol a annoncé qu’il rendrait public des rapports des services de renseignement pour répondre à ceux qui l’accusent d’avoir menti en privilégiant la piste des séparatistes basques d’ETA sur celle d’Al Qaïda.
Il s’agit de correspondances secrètes et de documents qui ont été recueillis des services de sécurité du jeudi 11 mars au dimanche 14 mars qui soutenaient la thèse de l’implication des terroristes basques. « Nous pouvons perdre des élections mais en aucun cas nous ne tolérerons que l’on nous traite de menteurs », a déclaré le ministre porte-parole du gouvernement Eduardo Zaplana à l’issue du Conseil de gouvernement réuni jeudi. « Nous avons subi une campagne de diffamation, des insinuations et même des mensonges dont le seul but était de discréditer le gouvernement et de le faire passer pour un menteur et un manipulateur », a-t-il dit. Le porte-parole du gouvernement a ainsi annoncé que « par voie de conséquence, le conseil des ministres a décidé de lever le secret sur des documents concernant la responsabilité de l’attentat (et rédigés) entre le 11 et le 14 mars et d’autoriser la publication de ces documents ».
Il s’agit, selon le ministre espagnol, de messages émanant du Centre national d’Intelligence (ex-CESID : services secrets espagnols) qui affirmaient que ces services étaient convaincus que la piste islamiste était totalement exclue. Rappelons que le ministre de l’Intérieur, Angel Acebes, avait déclaré, vendredi 12 mars, que le gouvernement avait reçu, à 15h51, un rapport du CNI l’ayant amené à juger « presque certain » que l’ETA se trouvait derrière les attentats.
Cette thèse sera ainsi défendue par les membres du gouvernement durant les trois jours qui suivirent les attentats. La ministre des Affaires étrangères, Ana Palacio, avait même envoyé un message écrit à toutes les ambassades de son pays pour leur demander de privilégier la piste ETA dans leurs déclarations à la presse et dans leurs contacts avec les autorités des pays d’accueil. Elle ira même jusqu’à faire adopter au Conseil de sécurité des Nations unies d’une résolution dénonçant l’ETA. une résolution qui fut adoptée à l’unanimité par les quinze membres. S’agissant des documents du CNI, le ministre Zaplana a affirmé que ce service d’Intelligence avait envoyé au gouvernement un message dans lequel il assurait qu’il était « presque certain que l’ETA est l’auteur des attentats ». Le rapport du CNI concluait que « selon les donnés disponibles jusqu’au moment, on ne peut affirmer qu’une certaine organisation liée au Jihad international peut être responsable de l’exécution de ces attentats ».
Par ailleurs, il a été confirmé que la chaîne radiophonique CADENA SER, qui fut la première à affirmer que c’est Al Qaïda qui était derrière les attentats de Madrid, avait reçu ces informations de la part d’un responsable du CNI qui lui avait assuré que les services espagnols étaient certains de l’implication d’une organisation islamiste et qu’ils écartaient la piste de l’ETA.
En somme, le même jour, à un intervalle de quelques heures, le CNI aurait envoyé au gouvernement un message assurant de l’implication de l’ETA et fait filtrer à CADENA SER des informations affirmant totalement le contraire.

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