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Le combat de coqs aura bien lieu

© D.R

Qui aurait cru qu’à quelques jours  d’une élection présidentielle française aux contours incertains éclaterait un combat majeur, une confrontation sans merci, entre un candidat de la majorité sortante Nicolas Sarkozy et un membre du gouvernement Azouz Begag, français d’origine algérienne, ministre délégué à la promotion de l’égalité des chances ? 
Et pourtant c’est ce qui risque d’enflammer, avec d’inimaginables dégâts, les derniers instants de cette campagne dont le ton se durcit et se radicalise.
L’objet du délit est la sortie cette semaine d’un livre signé Azouz Begag aux éditions Fayard intitulé «Un mouton noir dans la baignoire». Le livre dénonce la nature violente, le langage ordurier et menaçant de l’ex-ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy à l’encontre de son  collègue au gouvernement Azouz Begag.
Voilà selon ce dernier comment N. Sarkozy lui aurait parlé un jour au téléphone : «Tu es un connard ! Un déloyal, un salaud ! Je vais te casser la gueule (…), salaud ! Connard (…) J’en ai rien à foutre de tes explications! Tu vas faire une dépêche à l’AFP pour t’excuser, sinon je te casse la gueule». Cette sortie colorée et fleurie de Sarkozy est le résultat, affirme Azouz Begag d’un trait d’humour cruel que le sociologue et romancier, devenu ministre par la grâce de Dominique de Villepin, a eu lors d’une rencontre avec une association de Marseille : «je ne m’appelle pas Azouz Sarkozy», avait-il lancé sur un ton de chansonnier de cabaret.
Si Begag date la détérioration de ses relations avec Sarkozy du jour où, dans un excès de langage bien  programmé, l’ex ministre de l’Intérieur menaça de «nettoyer» au «Karcher» «la racaille» de banlieue, avec son cortège d’émeutes, de furies et destructions dans les  villes françaises, force est de constater que les deux hommes, par tempérament et par ambition, n’étaient pas fait pour jouer la même partition. Alors que le premier voulait faire de l’ordre et de la répression sa clef de voute pour la conquête d’une opinion française inquiète par une insécurité sociale grandissante, le second pariait toute sa fortune politique sur la réanimation  de l’ascenseur social pour des minorités ethniques marginalisées et invisibles. A. Begag avait souvent l’habitude de sortir cette phrase : «C’est vrai qu’on n’est pas d’accord avec M. Sarkozy, on a des regards, des sensibilités, des histoires différentes. Et alors qu’est-ce que je fais? Je pars du gouvernement ou je continue ma mission?»
Le divorce et le choc entre les deux hommes étaient programmés. Azouz Begag, qui s’est rangé dès le départ auprès du centriste François Bayrou, troisième homme de cette présidentielle selon les sondages, a été obligé de démissionner du  gouvernement pour reprendre sa liberté de parole. Selon les indiscrétions que l’entourage de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin a généreusement laissé filtrer à la presse, le brulot de Azouz Begag a, non seulement provoqué sa démission, mais mis ses deux parrains dans une colère froide.
En fait Chirac et de Villepin n’avaient d’autres choix que de prendre leur distance avec ce combat de coqs. Déjà suspectés de traîner le pied dans l’implication et l’annonce d’un soutien ferme au candidat de l’UMP N. Sarkozy, ils craignent d’apparaître comme alimentant la rébellion domestique contre lui. Même si Sarkozy et son entourage ont essayé benoîtement et souvent avec dérision d’en dénoncer  le contenu, le livre de Azouz Begag tombe très mal pour le candidat favori des sondages. La dangerosité de ce brûlot réside plus dans le fait qu’il confirme une intuition généralisée plutôt qu’il  ne révèle un fait.
Les adversaires de Sarkozy, notamment les socialistes, ont déjà eu l’occasion de souligner à quel point le tempérament de Nicolas Sarkozy le rend inapte à occuper la fonction suprême. Que cette vérité-là soit confirmée par un romancier et un sociologue à la courte expérience gouvernementale aura sans aucun doute des effets dévastateurs sur le cours de la campagne. Cette atmosphère combinée à l’incapacité manifeste pour Nicolas Sarkozy de tenir des meetings électorales dans des banlieues dites «chaudes» sans susciter des émeutes, multiplie davantage les obstacles devant le candidat de l’UMP dans une course effrénée vers l’Elysée.

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