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Le double discours de Bouteflika

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Le président-candidat Abdelaziz Bouteflika fait campagne dans les télévisions étrangères. Il multiplie les déclarations dans les chaînes satellitaires. Après son passage très remarqué sur la chaîne de télévision française LCI, où il a laissé entendre que l’assassinat des moines de Tibhirine est l’oeuvre de l’armée algérienne, il revient à la charge sur la chaîne satellitaire émiratie Abu Dhabi. Interrogé, dimanche soir, par le journaliste Jassim Azzaoui sur le problème du Sahara qui empoisonne les relations entre le Maroc et l’Algérie, Abdelaziz Bouteflika a sorti toute la littérature convenue derrière laquelle se réfugient depuis des années les dirigeants algériens. Il a commencé par dire : “Nous ne sommes pas concernés par le problème du Sahara“. Devant le regard incrédule du journaliste, il a ajouté que l’Algérie défend, dans le cadre des résolutions onusiennes, “le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à disposer de son destin“. Cette phrase est, sans aucun doute, la plus citée par les diplomates algériens qui cherchent à “exterritorialiser“ un problème qui gît en terre algérienne. Pour convaincre du désintérêt de son pays pour le conflit du Sahara, Abdelaziz Bouteflika a juré ses grands dieux “qu’aucun Algérien ne mourra pour le Sahara“.
Le président-candidat algérien ne lit assurément pas la presse de son pays. Le même jour où il s’évertuait à expliquer que l’Algérie n’est pas concernée par le conflit du Sahara, le quotidien “La nouvelle république“ réservait sa Une aux “manoeuvres militaires“ du polisario. Ces manoeuvres ont mobilisé tous les dirigeants du polisario, y compris leur patron :
Mohamed Abdelaziz. “Cette manifestation militaire, stipulant (?!) une attaque contre un ennemi fictif a mobilisé les moyens humains et matériels, à savoir des unités de blindés, de l’artillerie, de l’infanterie mécanisée et de la DCA, permettant ainsi à concrétiser sur le terrain le plan élaboré par les responsables militaires de cette région“, rapporte le quotidien algérien. D’un côté, le président algérien se défend d’héberger sur son territoire la source de tous les différends entre le Maroc et l’Algérie. D’un autre côté, un quotidien, asservi à l’armée, sert les fins propagandistes du polisario. Cela s’appelle l’art de faire de la politique avec un double discours.
D’ailleurs, la presse algérienne indépendante reproche ce double discours au président-candidat. Alors qu’il s’oppose à la reconnaissance de la langue amazighe en Algérie. Alors que son passage en Kabylie a été houleux, il y a cinq ans, et qu’il avait réprimé dans le sang “le printemps kabyle“en avril 2001, Abdelaziz Bouteflika fait campagne, cette semaine, dans les principales villes de la Kabylie. Le quotidien “Le Matin“ rapporte que le président sera accueilli par une grève générale “pour protester contre un chef d’Etat rejeté par la population“.
La visite d’Abdelaziz Bouteflika à Tizi Ouzou coïncide avec celle de son principal rival, Ali Benflis. Ce dernier vient de bénéficier du soutien d’un candidat évincé de la course électorale : Sid-Ahmed Ghozali. Il invite les Algériens à “voter utile pour faire barrage à Bouteflika“.

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