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Le général Nezzar épingle Bouteflika

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Délié de ses obligations de réserves, l’ancien chef d’état-major et ancien ministre de la Défense algérien, le général Khaled Nezzar ne cesse de multiplier ses sorties contre les décideurs algériens, notamment contre le président Abdelaziz Bouteflika. Depuis qu’il est en retraite, il ne rate aucune occasion pour dire son mot et épingler ses adversaires. Sur Abdelaziz Bouteflika, il n’a pas été tendre. Après l’avoir qualifié de «vieux canasson», «d’homme sans poigne», de « marionnette» l’ancien ministre de la Défense fait une autre sortie mémorable contre le président de la république. Un livre de 246 pages, « Bouteflika, l’homme et son bilan ». L’axe central de l’oeuvre de l’ancien général s’articule autour du choix par le cercle militaire du président Bouteflika et les raisons de ce choix. M. Nezzar souligne qu’après la mission du Haut Comité d’Etat (HCE), présidé par Ali Kafi, qui devait se terminer fin 1993, les décideurs cherchaient un homme ayant un profil qui pourrait répondre à leur demande. Il précise que les militaires avaient pensé à Abdelaziz Bouteflika parce qu’il jouissait d’un atout, celui d’avoir été un proche compagnon de Boumediène et d’avoir dirigé la diplomatie algérienne durant plusieurs années. Bouteflika accepte l’offre, écrit Nezzar. Les discussions commencèrent alors entre lui et les militaires, chefs de région, et le chef de l’état-major. Lors de ces discussions, Bouteflika « souhaite être seul à la tête de l’Etat », rapporte l’ancien ministre de la Défense qui cite le général Mediène. Après un voyage de trois jours en Suisse, il décline l’offre des militaires lors d’une réunion regroupant Liamine Zeroual, alors ministre de la Défense, les généraux Mohamed Lamari et Mohamed Mediène, et ce, précise Nezzar, après les avoir faits «longuement attendre ». Pourquoi, ce changement dans la position de Bouteflika ? Le général Nezzar ne précise pas explicitement si les militaires lui avaient refusé les pleins pouvoirs. Après l’échec de cette tentative de placer un diplomate à la tête de l’Etat suivant, bien entendu, les conditions de l’armée, celle-ci a fait appel à Liamine Zeroual qui était ministre de la Défense. L’auteur du livre souligne qu’après la démission de Zeroual, de son poste de chef d’Etat, en 1998, démission qui, selon Nezzar, a mis « toutes les institutions dans l’obligation d’improviser ». Et le nom de Bouteflika revient au-devant de la scène, dit Nezzar, précisant qu’il n’était pas en Algérie en ce moment lorsque ses compagnons ont choisi « le moins mauvais des candidats». L’ancien général reconnaît s’être opposé à cette candidature. Mais par la suite, il s’y rallié expliquant que sa décision a été prise « dans l’intérêt de son pays ». M. Nezzar affirme que Bouteflika a été choisi pour son passé de chef de la diplomatie sous Boumediène, « l’espoir d’une refondation de la République », l’espoir de « voir l’institution présidentielle, reprise en main d’une façon ferme, responsable et compétente ». Finalement, l’auteur du livre conclut que Bouteflika n’a pas réussi dans sa mission. Il n’a pas réussi ou a trompé les militaires. Certains observateurs avancent que c’est une revanche de Bouteflika contre les militaires qui lui avaient barré la route du pouvoir en 1979 au lendemain du décès de Boumediène. Chérif Belkacem, ancien proche de Bouteflika, souligne dans un entretien au quotidien « Le Matin » d’Alger, que « quand Bouteflika est menacé, il devient agressif, capable du pire. Il fait feu de tout bois. Il a toujours été comme cela, à part qu’il le faisait de façon artisanale avant d’être président ». « Nous avons vu comment il a divisé les partis et l’Administration. ….. Bouteflika ne sait pas qu’il a perdu quelque chose d’essentiel quand on s’engage dans la bataille : il a perdu la crédibilité ici et à l’extérieur. C’est un lâche », a-t-il dit. Le livre de l’ancien ministre de la Défense démontre que le président Bouteflika a réussi à tromper tout le monde, notamment les militaires qui l’ont porté aux commandes de l’Etat. Mais, les militaires ne pourraient pas être naïfs à ce point. Les prochaines élections présidentielles vont certainement dévoiler si c’est une revanche de Bouteflika, complot ou une manoeuvre des militaires qui auraient trouvé un profil qui répond parfaitement à leur demande.

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