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Le gouvernement Fillon dégage son premier parfum de démission

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Même les plus violentes couleuvres de Bernard Kouchner et de Rama Yade sur les droit de l’Homme, de Martin Hirsch, ancien président d’Emaus France devenu haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté sur le social, ou celle de Fadela Amara sur la Banlieue n’ont pu donner cette impression que le gouvernement de François Fillon était au bord de connaître sa première fracassante démission. Ce fut le cas à l’occasion de ce qui est désormais connu comme l’affaire NKM, du nom de Nathalie Kosciusko-Morizet secrétaire d’Etat à l’Ecologie.
Nathalie Kosciusko-Morizet a dégoupillé un vrai scandale politique lorsque, dans une interview réfléchie au journal «Le Monde» à l’aide-phrases bien senties, elle dénonce ce qu’elle appelle «concours de lâcheté et d’inélégance entre Jean-François Copé, qui essaie de détourner l’attention pour masquer ses propres difficultés au sein du groupe, et Jean-Louis Borloo, qui se contente d’assurer le minimum».
Cette charge si peu habituelle a pour arrière-plan un débat parlementaire sur la loi sur les OGM, fruit de la réflexion issue du fameux «Grenelle de l’environnement» politiquement inspiré par Nicolas Sarkozy et savamment exécuté par le ministre de l’Environnent, Jean-Louis Borloo. Nathalie Kosciusko-Morizet se plaint que son projet ne soit pas suffisamment défendu et par son ministre de tutelle et par le patron de la majorité UMP au point où les communistes à l’Assemblée nationale ont réussi à faire voter un amendement qui déplaît fortement à une partie des agriculteurs et des industriels de l’agroalimentaire, de la chimie et de la pharmacie.
La  brusque réactivité de François Fillon sur le sujet donne l’ampleur de la crise qui s’annonçait. Nathalie Kosciusko-Morizet fut interdite de bancs de l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement et le premier ministre, d’habitude si réservé et si rond dans ses postures, n’a pas jugé «souhaitable» qu’elle l’accompagne lors de son voyage au Japon. Nathalie Kosciusko-Morizet fut sommée de présenter ses excuses publiques à Jean-Louis Borloo et Jean-François Copé sous peine de quitter le gouvernement. Ce qu’elle fait avec les circonvolutions d’usage. Elle : «souhaite présenter des excuses à Jean-Louis Borloo et Jean-François Copé. Les propos qu’on me prête (…)  ont été déformés. Je comprends d’ailleurs très bien qu’ils aient pu les heurter».  NKM, cette belle blonde élancée dont le nom écorche les langues les plus expertes, est à peine âgée de 35 ans. Elle vient d’être élue maire de Longjumeau. Elle fait partie de cette jeune génération de femmes politiques que Nicolas Sarkozy veut promouvoir dans le cadre de la rupture et de la parité. Dans le passé, le président de la république ratait peu d’occasions pour dire tout le bien qu’il pense de sa performance au gouvernement.
Histoire de vite enterrer la polémique avant qu’elle ne déborde, Jean-Louis Borloo joue les fatalistes désabusés : «Il y a un moment où c’est difficile quand on est membre du gouvernement, des moments pas amusants où on assume des choses, des moments où la solidarité gouvernementale c’est lourd, on craque». Quant à Jean-François Copé , il éprouve quelques difficultés à passer l’éponge : «Me traiter de «lâche», oui çà elle l’a fait . Et pour tout vous dire, ça m’a plutôt fait de la peine, car cette injure est l’une des plus agressives qui soit (…) Mais en même temps , elle s’en est excusée, je considère que l’incident est clos».    
Ce qui a permis à cette tension de monter en flèche, au delà du caractère insultant des propos, c’est qu’elle implique des personnalités comme Jean-François Copé et Jean-Louis Borloo qui s’acharnent à  prendre leur distance à l’égard de la stratégie générale de Nicolas Sarkozy, le Premier par déception le second par amertume. Et quand cette crise implique un membre de gouvernement, Nathalie Kosciusko-Morizet, que le président de la république vient de promouvoir, à l’insu du Premier ministre, au sommet de la hiérarchie de l’UMP avec Xavier Bertrand, la tension prend des allures d’un invisible bras de fer entre Matignon et l’Elysée. Il paraît clair aujourd’hui que les relations entre les deux hommes, Sarkozy et Fillon, est entrée dans une compétition feutrée. Chacun compte, sonde et défend ses troupes.

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