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Le halal, pomme de discorde française

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Si la chaîne de restauration rapide Quick avait voulu commettre un grand coup de communication, elle semble avoir réussi au-delà de toutes espérances. Sa décision de consacrer huit de ses 350 enseignes à vendre des produits exclusivement halal, (viande d’animaux tués selon le rite musulman et bacon remplacé par la dinde) est en train de nourrir un débat enflammé qui dépasse largement le seuil de la comptabilité lucrative ou celui du sens opportuniste des affaires. C’est dire à quel point la chaîne de restauration rapide Quick, économisant d’énormes budgets de publicité ou de mécénat, s’est payée un inestimable coup de pub. Et pourtant ce n’est pas la première fois que des boutiques de restauration rapide optent pour le halal exclusif. Elles n’avaient pas réussi à créer autant de bruit parce que leurs rayons d’influence étaient d’ampleur marginale, limités à la largeur d’un quartier et qu’elles étaient le fruit de jeunes entrepreneurs anonymes à la recherche d’idées originales pour exploiter les niches inexplorées. Et pour cause, le marché de l’alimentation halal est évalué à 4 milliards d’euros, avec une population musulmane estimée entre 4 et 6 millions d’individus. Dans le cas de Quick, une chaîne de dimension internationale, les enjeux prennent subitement une autre proportion. Et parce que cette exclusivité du halal a été revendiquée comme un argument commercial dans un contexte politique et social marqué par de grandes interrogations sur la place de l’Islam dans la société française, le débat est des plus vifs et tranché.  Une grande partie de la classe politique est montée à l’assaut de cette décision l’accusant de nourrir la dérive communautariste et lançant des appels au boycott de ces produits. Des menaces sont même brandies de saisir les instances spécialisées, notamment la Halde, la Haute autorité de lutte contre les discriminations,  pour discrimination. Les positions sont si passionnées, si déterminées qu’elles rappellent dans leur intensité le combat lancé contre la possible multiplication des minarets ou des burqas qui avait marqué le grand débat sur l’identité nationale. Sauf que dans le cas de Quick et de sa stratégie du halal exclusif, la parole était uniquement au réquisitoire. Personne, parmi les hommes politiques audibles, n’a pris la parole pour défendre ce choix. Il paraît évident aujourd’hui que la décision de Quick fait autant de bruit, c’est qu’elle intervient dans un contexte d’islamophobie assumée. Sans grande surprise, c’est Marine Le Pen, vice-présidente du Front National et héritière désignée de son père qui avait, la première, dégoupillé ce débat.Elle considère que ce choix de Quick comme un «scandale d’Etat», se basant sur le simple fait que Quick appartient depuis 2006 à la Caisse des dépôts. Ce qui a suffi à Marine Le Pen d’accuser l’Etat de «lever l’impôt islamique». Elle lève par la même occasion un autre lièvre qui ne va pas laisser les autres formations politiques indifférentes à la question, surtout lorsqu’elle dénonce que les clients «soient obligés, par l’intermédiaire de cette viande halal, de payer une taxe aux organismes islamiques de certification».

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