Depuis le 14 août, date de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le Hezbollah a opté pour la modération. Si le parti de Hassan Nasrallah refuse toujours de déposer les armes, il a fait des concessions que les autres forces du pays du cèdre ont estimé encourageantes. Lors d’une sortie publique dimanche sur une chaîne de télévision libanaise, le Cheikh a annoncé des mesures jugées indispensables à la pérennité de la cessation des hostilités avec Israël.
Le chef du « Parti de Dieu » a d’abord affirmé qu’ «il n’y aura pas de présence armée du Hezbollah au sud-Liban», ajoutant que «si des soldats de l’armée libanaise croisent un homme armé au Liban sud, ils ont le droit de le désarmer».
Pour joindre l’acte à la parole, des combattants du Hezbollah ont commencé à évacuer plusieurs positions situées notamment à la frontière avec Israël. Selon une source des services de sécurité libanais, citée par l’AFP, les «milices chiites» auraient déjà évacué quatorze positions armées dans le secteur des fermes de Chebaâ, dans la zone frontalière avec Israël où doit se déployer la force internationale.
La résistance islamique aurait évacué au cours des dix derniers jours toutes ses positions dans la région de Arkoub, qui a été récemment le théâtre d’un affrontement sanglant entre des combattants du Hezbollah et un commando israélien qui a tenté, sans succès, d’enlever le trésorier du parti chiite, M. Yazbeck. Ce retrait intervient alors que le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, effectue une visite à Beyrouth pour tenter de préparer le terrain au déploiement des 7.000 soldats européens, prévu « dans une semaine » à la frontière entre le Liban et Israël.
Hassan Nasrallah, qui avait déjà accueilli favorablement le déploiement de la mission onusienne (FINUL), a réitéré dimanche la disposition de son parti à éviter tout conflit avec cette force internationale.
« Il n’y aura pas de problème avec la FINUL tant que sa mission n’est pas de désarmer la résistance », a affirmé le chef du Hezbollah. «Pas de problème non plus avec l’armée libanaise pour laquelle la résistance sera un soutien», précise M. Nasrallah.
En adoptant ce ton modéré, malgré une victoire militaire retentissante sur l’armée israélienne, le Hezbollah tente de retirer le tapis sous les pieds de la majorité libanaise, mais également d’apaiser les inquiétudes de l’opinion publique libanaise qui, quoi que satisfaite par ses exploits militaires, craint la reprise du conflit armé avec Israël.
C’est un constat que confirme un récent sondage réalisé par l’Institut Ipsos sur un échantillon de 600 Libanais. Selon ce sondage, une légère majorité, 51%, souhaiteraient que le Hezbollah dépose les armes. Ce sondage fait apparaître de larges divergences de vue entre les communautés religieuses interrogées.
84% des Libanais chiites préféreraient que le Hezbollah garde ses armes. 79% des Druzes, 77% des Chrétiens et 54% des sunnites veulent, au contraire, le voir désarmé.
S’agissant de la question des prisonniers qui a été à l’origine du déclenchement de la guerre le 12 juillet dernier, Hassan Nasrallah a annoncé que des «négociations indirectes avaient récemment commencé par le biais du président du Parlement Nabih Berri pour un échange entre Israël et son parti».
Après sa victoire sur Tsahal, le Hezbollah veut donc réaliser un succès sur le front politique.