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Le prix payé par Tbilissi s’avère lourd

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Troupes étrangères massivement présentes sur son territoire, des séparatistes triomphants sur deux fronts, des milliers de vies brisées: le bilan du conflit armé avec la Russie est lourd pour la Géorgie, s’accordent à penser plusieurs analystes. La décision du président Mikheïl Saakachvili d’envoyer des troupes en Ossétie du Sud a non seulement plongé le pays dans une crise profonde, mais l’a aussi privé de têtes de pont dans ce territoire séparatiste, comme dans l’autre enclave rebelle pro-russe d’Abkhazie. Elle a même pu faire disparaître tout espoir de Tbilissi de reprendre un jour le contrôle de l’ensemble du territoire national. « Personne n’a pensé que cela pourrait aller si loin », déclare Tornike Charachenidzé, un analyste politique indépendant de Tbilissi. «Personne ne s’attendait à ce qu’ils (les Russes) bombardent des objectifs à travers la Géorgie et occupent la moitié du pays». En fin de semaine, on ne voyait toujours pas quels territoires la Géorgie allait perdre, alors que les soldats russes contrôlaient des pans entiers du pays en dépit du cessez-le-feu signé samedi par Moscou. Aux yeux des analystes, certaines formules vagues de ce document, qui permet aux Russes d’adopter des « mesures supplémentaires de sécurité », laissent la porte ouverte à leur présence prolongée dans le pays. «En fait, la Géorgie a été forcée d’accepter un accord qui n’est qu’une esquisse de cessez-le-feu», dit Svante Cornell, directeur adjoint de l’Institut de l’Asie centrale et du Caucase de Stockholm. «Clairement, les Russes considèrent que le cessez-le-feu leur donne le droit d’aller partout et de détruire les infrastructures géorgiennes», affirme-t-il. Le président Saakachvili était apparu visiblement ébranlé lors d’une conférence de presse avec la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice. Samedi, son Premier ministre Lado Gourguenidzé a déclaré que Tbilissi avait signé l’accord sous la contrainte. «La paix a été signée sur fond de catastrophe humanitaire de plus en plus grave dans notre pays», a-t-il dit. «Ce n’est qu’un premier pas sur un long et difficile chemin de la paix». Même si la Russie retire complètement ses forces de tout le territoire à l’exception de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, la Géorgie perd ses têtes de pont dans les deux territoires, des villages géorgiens dans le premier et la zone stratégique des gorges de Kodori, qu’elle a reprise en 2006, dans le second. Forts de leur succès, Moscou et les séparatistes peuvent tenter maintenant de garder pour de bon le contrôle des deux républiques non reconnues. Un diplomate occidental de haut rang a estimé que Moscou pouvait utiliser le précédent du Kosovo soit pour reconnaître l’indépendance de ces républiques, soit pour les absorber dans la Fédération de Russie. «Les Russes voient cette affaire comme un reflet du Kosovo », a déclaré le diplomate sous le couvert de l’anonymat. «C’est loin d’être fini». Moscou s’était opposé à l’indépendance du Kosovo, proclamée au détriment de son allié serbe, et a souffert de la voir reconnue par plusieurs pays dont les Etats-Unis. Au bout du compte, les analystes pensent que la défaite de Tbilissi n’est peut-être pas absolue. « La Géorgie a perdu en termes d’infrastructure, économie, puissance militaire et intégrité territoriale», a dit Svante Cornell. Mais «les Russes ont maintenant contre eux une vaste coalition de nations. Les relations entre la Russie et l’Occident ne seront plus jamais les mêmes».

Michael Mainville (AFP)

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