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Le suicide fait des ravages en Algérie

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L’Algérie déprime-t-elle ? La question se pose, aujourd’hui plus que jamais, dans ses termes les plus crus pour le voisin de l’Est. Psychologues, éducateurs et médecins algériens ne cachent plus cette réalité, si amère soit-elle. Les chiffres sont très parlants. Contre 210 cas de suicides enregistrés en 2004, ce nombre est passé à 244 dans le courant de l’année écoulée. C’est ce que nous apprend une étude récente très édifiante. 34 cas de suicide de plus, donc. Un nombre susceptible d’augmenter dans l’année en cours, puisque, en 2005, 324 tentatives de suicide avaient été « ratées ». Une avancée galopante autant que préoccupante dans l’Algérie de Bouteflika, enregistrée principalement, -et très significativement-, chez les jeunes. 4 cas sur 5 recensés entre 1993 et 2005 concernent des personnes âgées entre 18 et 40 ans. Cette catégorie sociale, qui doit incarner l’avenir du pays voisin, trouve dans le suicide une échappatoire, -ou une soupape-, à un malaise social réel et de plus en plus ravageur. Les dernières émeutes, suscitées spontanément par des jeunes de Maghnia, pour ne citer que cette ville frontalière avec le Maroc, reflètent la déprime d’une jeunesse algérienne livrée à elle-même. Le chômage est cité comme l’une des raisons principales de ce phénomène. 63% des suicidés sont sans profession, 8% se livrent au commerce informel et 6 % sont des étudiants. La pauvreté, voire la misère, ne laisse aucune chance à cette jeunesse abandonnée. Pas plus, d’ailleurs, que l’incapacité du pouvoir actuel à traduire sur le terrain des promesses qui, décidément, ne devraient engager que lui. Fausses illusions. Mais passons. Cette jeunesse, dont il est ici question, vit en Algérie.
L’Algérie des pétro-dollars, que sait-on, des gazo-dollars ! Il est donc impensable que dans cette Algérie, riche en ressources énergétiques, un Algérien puisse vivre avec moins d’un dollar par jour ! Que, dans ce pays, qui croule sous l’or noir, il puisse encore exister 12 millions de citoyens vivant sous le seuil de la pauvreté ! Cherchez où le « nerf de la guerre » est dépensé. Vous avez dit armement ?
Tout bien considéré, l’augmentation du taux de suicide dans le pays voisin n’est pas étonnante. Pas plus que ne sont étonnantes ces émeutes devenues presque quotidiennes dans les principales villes algériennes. Pour les couches socialement défavorisées, le suicide serait plus clément que leur «qualité» de vie.
Encore que les moyens utilisés par les suicidés inspirent l’horreur. Au-delà de la pendaison, traditionnelle et, par ailleurs, pratique, les moyens utilisés varient entre l’empoisonnement par un produit chimique, l’arme blanche ou à feu, la chute ou la noyade. Mieux vaut se faire violence que la subir dans un pays qui a développé un système où la rente est élevée au rang de «bonne gouvernance », et où les discours cachent souvent des pratiques douteuses. La pédagogie du pire. La détresse des Algériens provient de là.

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