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Le superdome, un enfer de violence et de pestilence (reportage)

"Ces derniers jours ont été un véritable enfer", dit Baron Duncan, 42 ans, alors que les récits d’autres prisonniers du grand stade circulaire de la ville parlent de violences, de désespoir et même de viols d’enfants.

"Des gens ont été violés là-dedans. Des gens ont été tués. Nous avons eu des émeutes", affirme un vétéran de la police de La Nouvelle-Orléans, ajoutant qu’il était impossible de faire régner l’ordre dans une masse de près de 20.000 personnes entassées dans des conditions déplorables. "Les gens ont été enfermés comme des prisonniers. On ne peut pas rester là-dedans aussi longtemps sans devenir cinglés", dit-il.

Le policier qui se trouve au Superdome depuis dimanche ne cache pas sa colère devant le manque de préparation des autorités face à la catastrophe.

"Cette ville savait depuis longtemps que quelque chose comme çà pouvait arriver. Ils n’ont rien fait pour s’y préparer et s’en sont remis à la providence", a ajouté l’officier de police qui a demandé à ne pas être identifié.

Les occupants du Superdome pataugent dans l’eau qui a pénétré dans l’édifice après qu’une partie du toit eut cédé pendant la tempête et une odeur pestilentielle règne dans l’immense édifice, les sanitaires s’étant rapidement révélées insuffisants.

"L’odeur vous prend à la gorge. Les gens ont dû faire leurs besoins un peu partout", raconte Loraine Banks, une infirmière de 53 ans.

L’évacuation du Superdome a commencé mercredi pour les personnes les plus faibles, mais les autorités étaient incapables de dire combien de temps il faudra pour vider l’immense stade.

Sales, épuisés et apeurés, les occupants se pressent contre les grilles de métal de l’enceinte sportive dans l’espoir de figurer parmi ceux qui pourront monter dans les bus attendant à l’extérieur.

Pour Baron Duncan, le pire, c’était la nuit, dans l’obscurité totale, l’humidité et la puanteur. "Nous avons été traités comme des animaux. Il y avait des tirs (…) nous étions en danger. Une fillette de sept ans et un petit garçon de huit ans ont été violés", affirme-t-il.

Norma Blanco Johnson, attendant de pouvoir monter dans un bus en compagnie de sa fille et du bébé de cette dernière, se demande ce qui est arrivé à ses fils dont elle n’a pas de nouvelles depuis le passage de Katrina lundi.

"Je ne sais pas ce qui leur est arrivé", dit-elle, en soulignant que son angoisse s’est ajoutée à l’horreur de son séjour dans le Superdome.

"Ce n’est pas une façon de traiter des êtres humains. J’ai tout perdu et je me suis retrouvée en enfer. Je n’ai aucun endroit ou aller, je n’ai que çà", ajoute-t-elle en montrant ses vêtements souillés.

Chez Audrey Jordan, c’est la colère qui domine: les autorités savaient depuis toujours qu’un cyclone de l’intensité de Katrina pouvait percer une brèche dans les digues protégeant la ville entourée d’eau et qui se trouve au-dessous du niveau de la mer.

"Ils voulaient dépenser des millions de dollars pour reconstruire un stade, mais ils n’ont même pas été capables de consolider les digues", lance-t-elle.

"Nous avons été traités comme si nous étions dans un camp de concentration (…) Un homme n’a pas supporté çà. Il a sauté par dessus une rambarde et s’est tué, affirme-t-elle.

Patrick Moser
AFP

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