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Leçons d’un scrutin

Les Koweïtiens ont élu, samedi 5 juillet, une nouvelle assemblée nationale dans une atmosphère de mobilisation intense. Le scrutin s’est soldé par la victoire du courant conservateur qui a enlevé 21 sièges sur 50 que compte la Chambre, soit un de plus que lors de la précédente législature. La percée des islamistes s’est faite au détriment des libéraux qui ont subi à cette occasion une véritable déroute: Ils ont décroché 3 sièges seulement alors qu’ils disposaient de 14 dans l’assemblée sortante. Dans le système koweïtien, il n’existe pas de partis politiques. Les candidats se présentent soit comme indépendants, soit comme représentants de courants politiques reconnus. Le recul considérable du camp des modernistes pourrait fortement crever leur espoir de faire aboutir au terme de la nouvelle législature une des grandes réformes attendues par le pays : doter la femme de ses droits politiques. En effet, au Koweït, le sexe féminin, émancipé, jouit de tous ses droits (il est libre d’être motorisé et de s’habiller comme elle l’entend) excepté de celui de voter et de s’engager politiquement. La victoire des conservateurs montre si besoin est que la société koweïtienne reste profondément conservatrice. L’Association des journalistes koweïtiens a toutefois organisé des élections symboliques, où les femmes étaient invitées à donner leurs voix aux nouveaux députés dans des bureaux parallèles. La cause de la femme risque de ne pas évoluer à moins d’une nouvelle intervention du Prince Cheikh Jaber Al Ahmad Al Sabah. Celui-ci, réputé pour son esprit d’ouverture et de progrès, avait déjà adopté en 1999 un décret approuvé par le gouvernement en faveur permettant à la femme de participer au vote. Mais les courants islamo-conservateurs qui dominent l’appareil législatif en ont décidé autrement. Ils n’ont pas validé la démarche volontariste du chef de l’État. C’est que le Parlement koweïtien n’est pas une simple chambre d’enregistrement. Bien au contraire. Jaloux de ses prérogatives, il bénéficie d’un pouvoir de décision réel et d’une marge d’autonomie importante. Seul pays du Golfe à disposer d’un Parlement élu, le Koweït, 2 millions d’habitants environ, se distingue par une vitalité démocratique incontestable. Elle est palpable dans les meetings électoraux et la “Diwaniya“ (cercle politique informel où les gens discutent des affaires du pays) caractérisés par une liberté de ton très rare dans le monde arabe. En effet, les citoyens n’ont pas peur de dire ce qu’ils pensent et exercent en toute liberté leur droit à la critique, loin des formules entendues et des discours lénifiants. La presse locale, riche et variée, reflète cette dynamique exceptionnelle.Le scrutin législatif du samedi 5 juillet se déroule trois mois après la chute de Saddam Husseïn, vivement saluée par les Koweïtiens qui ont souffert dans leur chair et leur âme de sept mois d’occupation de leur pays par l’armée irakienne. Déterminé à aller de l’avant , le Koweït envisage l’avenir avec sérénité.

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