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L’enquête sur les attentats de Charam El-Cheikh s’annonce laborieuse

Si les circonstances du carnage survenu dans la nuit de vendredi à samedi paraissent établies, son bilan reste incertain, et l’enquête laborieuse, la "piste pakistanaise" s’étant effondrée en 24 heures.

Mardi, les autorités égyptiennes ont lavé de tout soupçon six pakistanais dont les photos et les identités avaient été diffusées la veille, les désignant comme d’évidents suspects.

"Les informations", selon lesquelles ils seraient recherchés en liaison avec l’enquête, "sont dénuées de tout fondement", a affirmé le général Mohamed Chaaraoui, le patron des enquêteurs, au quotidien gouvernemental al-Ahram.

Il a même affirmé que la police n’avait pas été l’origine de la distribution des photos figurant sur leur passeport, sans expliquer par quel mystère celles-ci avaient pu parvenir aux médias nationaux et étrangers.

L’ambassadeur égyptien à Islamabad, Hussein Haridy a également publié un démenti, en guise d’excuse auprès du gouvernement pakistanais, ulcéré d’une nouvelle mise en cause après les attentats du 7 juillet à Londres.

Trois britanniques d’origine pakistanaise sont suspectés d’avoir fait partie du commandos de kamikazes responsables de la série d’explosions ayant causé la mort de 56 morts dans la capitale britannique.

Divulguée de "sources policières" égyptiennes, la piste "pakistanaise" est donc mort-née, et avec elle l’hypothèse, redoutable pour le régime du président Moubarak, que l’Egypte soit devenue la cible de la nébuleuse al-Qaëda.

"Si l’Egypte entre clairement dans le viseur d’al-Qaëda, dont un tiers des cadres sont Egyptiens, cela signifie que la chute de ce régime jugé impie devient sa priorité politique", estime un diplomate européen de haut rang.

Dans un pays où la communication sur un sujet hyper-sensible comme des attentats est tout sauf transparente, les informations sur l’enquête de Charm el-Cheikh semblent particulièrement confuses.

"Il semble que le gouvernement n’ait pas de pistes sérieuses d’où son embarras", a indiqué à l’AFP Diaa Rachwan, spécialiste de l’islamisme au Centre d’études politiques et stratégiques de al-Ahram.

Après qu’il eut été fait état lundi, de sources policières, de la traque ponctuée de tirs, de "deux suspects pakistanais" dans deux villages du Sinaë, le ministère de l’intérieur a dit mardi qu’il s’agissait de la recherche pour interrogatoire d’un bédouin ayant eu, peut-être, partie liée au maquillage d’une voiture utilisée par un des kamikazes.

Une envoyée spéciale de l’AFP ayant sillonnée lundi cette région montagneuse proche de Charm el-Cheikh n’avait pu être témoin ni recueillir de témoignages sur une vaste opération de la police contre des suspects.

Le bilan des victimes des attentats, le pire carnage perpétré par des terroristes, qu’ait connu l’Egypte depuis des décennies, est aussi très confus.

D’un nombre de 88 morts de sources hospitalières, le bilan fourni par le ministère du tourisme a été ainsi abaissé à 64, pour remonter mardi à 67 morts. Le nombre d’étrangers décédés s’éléve à 16, contre 7 auparavant, mais aucune une liste précise n’a été établie à ce jour.

Après une première revendication d’un groupe lié à Al-Qaëda, un groupe inconnu disant s’appeler "les Moujahidine d’Egypte" a lui aussi rapidement endossé la responsabilité des attaques Mardi, un troisième groupe islamiste, également inconnu, "Le Groupe de l’Unicité et du Jihad en Egypte" les a aussi revendiqué sur l’internet, rendant encore plus perplexes les observateurs.

Ce groupe présente les attentats meurtriers comme "une vengeance pour nos frères en Irak, en Afghanistan (…) et en réponse à la guerre contre le terrorisme".

"C’est aussi en allégeance aux chefs des moujahidine au sein du réseau Al-Qaëda, cheikh Oussama ben Laden, et cheikh Ayman Al-Zawahiri, que Dieu les garde", lit-on encore dans le communiqué dont l’authenticité ne peut être établie.

Par Alain Navarro
AFP

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