Les cours du brut ont repassé la barre des 70 dollars le baril cette semaine à New York et à Londres, et peu d’analystes voient une fin imminente à cette course en avant.
Face à la résistance de l’économie mondiale et à la multiplication des points d’instabilité dans les gros pays producteurs d’or noir tels que l’Iran, le Nigeria ou l’Irak, les analystes osent désormais mentionner les 100 dollars le baril.
"Le pire des scénarios serait une saison des ouragans aussi intense que l’an dernier dans le golfe du Mexique, de nouvelles pertes de production au Nigeria et une coupure par l’Iran de ses exportations", explique Bruce Evers, analyste à la banque Investec.
"Si ces trois éléments se combinent, l’impact sera monumental", prévient-il. "Le baril de brut pourrait facilement atteindre 100 dollars et peut-être plus".
D’après lui, il y a de fortes chances que la saison des ouragans, qui démarre début juin et pourrait enregistrer jusqu’à neuf cyclones majeurs, affecte à nouveau les sites du golfe du Mexique.
En août dernier, les dégâts causés par les cyclones Katrina et Rita sur les plateformes et les raffineries américaines du golfe du Mexique avaient propulsé les cours à des records, avant de les maintenir à de hauts niveaux pendant les mois qui ont suivi.
Aujourd’hui, près de huit mois après le passage des cyclones, 23% de la production américaine de brut et 14% de celle de gaz manquent toujours à l’appel dans la région.
Le marché commence également à considérer sérieusement la possibilité d’une intervention militaire des Etats-Unis en Iran, alors que Téhéran refuse de cesser ses activités d’enrichissement d’uranium et que le président américain George W. Bush assure que "toutes les options sont sur la table" pour l’y forcer.
"Si on prend l’hypothèse que la crise actuelle avec l’Iran va empirer et qu’une action militaire va intervenir, les prix du pétrole pourraient très facilement aller jusqu’à 100 dollars", estime Francis Perrin, de la revue Pétrole et Gaz arabes.
L’Iran pourrait riposter à toute sanction prise à son encontre en coupant ses exportations ou, pire encore, en bloquant le détroit d’Ormuz, passage stratégique pour le trafic pétrolier.
"Si le pire des scénarios se produisait en Iran, les prix du pétrole pourraient monter exceptionnellement haut", prévient Simon Wardell, du cabinet de recherche Global Insight. "En cas de fermeture du Golfe au transport maritime, on pourrait voir les prix grimper à 150 dollars et probablement plus haut".
Sur la base du pouvoir d’achat d’un dollar d’aujourd’hui, en tenant compte de l’inflation, les prix du pétrole restent toutefois bien en dessous des quelque 85 dollars atteints après la révolution iranienne de 1979.