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Les bons offices de Bush

A partir d’aujourd’hui, le marathon diplomatique du président américain au Proche-Orient commence par l’organisation d’une première rencontre avec plusieurs dirigeants arabes dans la station balnéaire égyptienne de Charm Al-Cheik. Avec la volonté affichée de s’investir dans le règlement du conflit israélo-palestinien, George W. Bush a tout d’abord voulu s’entourer d’interlocuteurs stratégiques tel le président égyptien Hosni Moubarak, dont le pays a été le premier du monde arabe à faire la paix avec Israël. Le Prince héritier saoudien Abdallah, auteur de l’initiative de paix arabe lancée lors du sommet de Beyrouth en mars 2002, sera aussi présent tout comme le roi Abdallah II de Jordanie, pays voisin de l’Etat hébreu, et le Roi de Bahrein, Hamad ben Issa, président en exercice du sommet arabe. Egalement convié, S.M. le Roi Mohamed VI a par contre dû renoncer à s’y rendre tout en se faisant représenter. De ce réengagement américain dans la région, certains observateurs voient un moyen pour le président américain d’estomper le malaise provoqué chez ses alliés arabes par le déclenchement de la guerre en Irak. Sans oublier les difficultés que rencontrent actuellement ses troupes comme son administration sur le terrain… Car imposer la paix est plus difficile que de faire la guerre et M. Bush espère surtout des dirigeants arabes qu’ils s’engagent à reconnaître Israël « en échange » de la fin de l’occupation des territoires palestiniens. Il entend aussi les presser de témoigner davantage de soutien à Mahmoud Abbas qui multiplie les efforts pour l’application de la feuille de route. Le président américain s’est dit lundi confiant d’obtenir des progrès dans le règlement du conflit. « Je sais que cela va être un processus difficile, je comprends que nous devrons travailler avec nos alliés, comme la France, pour parvenir au succès » a-t-il affirmé en marge d’une rencontre bilatérale avec Jacques Chirac. Lequel lui a en retour exprimé « ses vœux très sincères de succès » et son soutien, à quelques heures du départ de M. Bush du sommet du G8 d’Evian pour celui de Charm Al-Cheikh.
Mercredi, le chef de la Maison-Blanche est attendu pour un sommet beaucoup plus délicat, celui d’Aqaba en Jordanie, avec les Premiers ministres israélien et palestinien. Dans les entretiens séparés et communs entre les trois hommes, il sera essentiellement question de la mise en application de la feuille de route, pour laquelle l’Etat hébreu a émis une quinzaine de réserves. D’ores et déjà, les deux camps ont annoncé qu’ils renonçaient à formuler un communiqué final conjoint, illustrant ainsi l’étendu de leurs désaccords. La possibilité avait pourtant été évoquée qu’Israël reconnaisse officiellement le droit à un Etat palestinien, qu’il accepte le démantèlement de ses colonies et qu’il s’entende sur un cessez-le-feu avec les Palestiniens. Trop beau pour être vrai ? Lundi, le vice-ministre israélien de la Défense Zeev Boim a annoncé que son pays envisageait « tout au plus » la destruction de 10 points d’implantation sauvage sur les 160 que compte le territoire palestinien. Pourtant, en acceptant la feuille de route – même « sous réserve » – du Quartette, le cabinet Sharon est censé s’être engagé à les démanteler, mais aussi à retirer son armée. Jusqu’à présent, les efforts israéliens ont été trop timides – comme l’allègement dimanche du blocus militaire sur la Cisjordanie et la Bande de Ghaza – pour parler de véritable pas vers la paix. Aujourd’hui, outre les colonies, l’Etat hébreu veut à tout prix résoudre la question du droit au retour des 3,7 millions réfugiés palestiniens, même si ces pourparlers ne sont pas inclus dans la première phase du plan de paix. Quant aux responsables palestiniens, ils poursuivaient encore lundi leurs tractations avec le Hamas et les autres groupes armés afin de parvenir à un cessez-le-feu. Considéré comme imminent, celui-ci pourrait conforter la position de Mahmoud Abbas face aux deux alliés que sont Ariel Sharon et George W. Bush. Car il ne faut pas oublier que, même déterminé à faciliter la paix entre les deux camps, le président américain a lui-même des intérêts stratégiques qui le pousseront aussi à des concessions… Certainement pas en faveur des Palestiniens.

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